auteur : Øystein Stene
édition : Actes Sud
collection : Exofiction
sortie : novembre 2015
genre : dystopie
Pour son quatrième roman Zombie nostalgie, l’écrivain norvégien, Øystein Stene, développe une approche radicalement nouvelle de la mythique question Z. Oubliez les Romero et autre Walking Dead, on vous ment depuis bientôt 100 ans…
Nu et sans mémoire, un homme reprend conscience dans un bureau dont il ignore tout. Rien ne lui est familier, pas même son visage, pas même son corps. Froid, lourd et parsemé de tâches bleues-violettes, ce dernier ne lui répond d’ailleurs que très imparfaitement.
Personne ne s’étonne de son état. On lui attribue une chambre dont le numéro lui sert de nom provisoire, 311. On lui apprend à parler, à bouger, à bien se tenir. Puis vient son matricule d’identité, 2202198917, une fonction, archiviste, et enfin un nom humain : Johannes Van der Linden.
À travers les archives, Johannes découvre un pays dont l’existence est maintenue secrète par l’Europe et les États-Unis depuis une centaine d’années. Une île, baptisée Labofnia, peuplée d’êtres dont la véritable nature nous échappe et que l’on conditionne à imiter les humains, faute de mieux. Des êtres pour qui les saveurs, les odeurs ou encore l’écoulement du temps importe peu : les Labofniens.
Grise, humide, Labofnia recueille les produits vétustes et avariés dont ses protecteurs ne veulent plus. En échange, l’île doit rester hors radar et nul ne doit la quitter.
Zombie Nation
L’intrigue se construit en nouant deux fils narratifs de styles différents. Un premier composé par le récit de Johannes et un second constitué de documents variés issus des archives. Ce dispositif efficace dynamise le texte. On passe de la description subjective d’un sandwich chou-fleur/confiture périmée à une relecture de l’histoire du vingtième siècle où la question Labofnienne occupe à notre insu une place de première importance.
On découvre un système politique, une administration et une série de stratagèmes destinée à rendre crédible cette pantomime généralisée. Les Labofniens travaillent, s’embrassent du mieux qu’ils peuvent, sans trop savoir pourquoi. Pourtant, au fond de certains d’entre eux persiste une sorte de sentiment fantôme semblable à un membre amputé, le désir d’un désir, l’arrière-goût de la vie.
À la recherche de ses origines, Johannes plonge dans une quête sensorielle et sensuelle, mais comment se sentir vraiment vivant lorsque l’on n’est pas sûr de ne pas être mort ?
Zombexistentiel
Fleuretant avec le conte philosophique tout en conservant le dynamisme d’un thriller, Øystein Stene subvertit les codes du genre et en propose de nouvelles origines. La manière dont les hommes traitent les Labofniens (qui n’est pas sans rappeler le District 9 de Neill Blomkamp) et l’apparente apathie générale de ces derniers, sont humaines, trop humaines voire assez dérangeantes.
Le questionnement de Johannes sur son identité devient le nôtre. Que sont ces êtres pour nous ? Si ce sont des morts-vivants, sont-ils fidèles à notre image des revenants anthropophage ? D’ailleurs, quel est le sens de cette image et de ce cannibalisme tant redouté ?