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    Zaïmoon, le conteur aux mille et une cultures

    Simon Rakovsky, de son nom de scène Zaïmoon est un slameur, chanteur bruxellois. Accompagné de son acolyte Mateusz Malcharek, ils nous content Bruxelles et les Duvel mais surtout nous emmènent dans un périple de textes engagés. On parle de masculinité toxique en passant par le consentement et le racisme tout en faisant un petit crochet vers les liens familiaux.

    A travers un humour bien trempé et une joie de vivre communicative, ce duo guitare-contrebasse, nous emmène avec eux sur la route du swing, de la rumba et du klezmer. Nous avons pu les admirer à Esperanzah ! cette année. Ils ont encore pleins d’autres projets dans les baskets. Attention, coup de cœur assuré !


    Bonjour Zaimoon, pour commencer qu’est-ce que tu peux nous dire sur toi ?

    Alors je m’appelle Simon, j’ai 35 ans et je suis né à Bruxelles (rires). Je viens d’une famille qui n’est pas belge donc ca imprègne quand même mon parcours, mon écriture, mon univers et mon imaginaire. Ma famille vient d’Europe de l’Est et nous sommes une famille juive.

    Je viens de toutes ces histoires-là, d’une famille qui bouge de pays à chaque génération. Mes parents ne sont pas nés en Belgique. Mes grands-parents ne sont pas restés vivre dans le pays où ils sont nés. Il y a quelque chose d’un peu nomade de gré ou de choix.

    D’où vient ton nom de scène « Zaïmoon » ?

    C’est quelqu’un qui me l’a donné, je ne l’ai pas choisi. Je n’ai rien choisi en fait (rires). Ni mon nom chrétien, ni mon nom juif, parce que j’ai un nom juif aussi. Je crois que quelqu’un m’a dit « Oh Simon, Simoun, ZaÏmoon c’est stylé, ça pourrait t’aller ». Ça s’est passé il y a plus ou moins 15 ans et les gens ont commencé à m’appeler Zaï ou Zaïmoon et je l’ai gardé (rires).

    Quand a débuté ta carrière ?

    Ma mère m’a mis une guitare dans les mains à l’âge de 12 ans. J’ai écrit un premier texte qui a bien fait rire mes potes à l’âge de 15 ans. Et un deuxième texte à l’âge de 19 ans. D’ailleurs, je le joue encore aujourd’hui. Et la résonance que j’entendais de la part des gens c’était « Waouw c’est chouette, il y a un truc qui marche ». Je n’ai jamais eu une belle voix mais la frustration de pas l’avoir tout en ayant l’envie d’être sur scène et de transmettre des émotions m’ont fait me tourner vers l’écriture. C’est dans cet exercice que je me suis le plus retrouvé.

    Comment s’est passée ta première scène ?

    Je ne saurais plus te dire avec précision mais je pense que ça a débuté sur une péniche à Bruxelles. C’est un concert dont je me souviens. J’avais 19 ans et j’écrivais des petites chansons, juste comme ça. Après ça, je suis parti aux Pays-Bas et on a créé un groupe de musique avec pleins d’instruments. On est parti un peu partout dans le monde pendant 7 ans. Le groupe s’appelait « The Serious Beans Project ». Puis le groupe a fait des bébés (rires), des petites formations se sont formées.

    Ça fait deux ans maintenant que je suis revenu à ce que je faisais personnellement. Aujourd’hui, je suis accompagné par un contrebassiste, mon pote Mateusz Malcharek, qui lui est polonais et avec qui je joue depuis plus de dix ans.

    Comment définirais-tu ton style musical et tes influences ?

    Je me définirais beaucoup en fonction de l’écriture. Mes influences peuvent être autant Brassens que MC Solaar, Gael Faye ou Bulat Okudshava dans les mélodies. Karsten Troyke dans les mélodies plus klezmer. Je pars toujours de l’écriture et je viens ensuite l’ornementer avec des mélodies qui m’inspirent. Je suis très guitare donc je ne vais pas travailler avec des beats ou des instrus. J’aime bien le guitare voix, il y a une simplicité. Ça me permet de me sentir libre, je ne suis pas obligé de me lancer dans un truc. J’aime bien m’arrêter au milieu d’un morceau et interagir avec le public quand ça se prête.

    Quels sont les thématiques que tu abordes dans tes chansons ?

    Les thèmes qui me sont beaucoup venu c’est d’abord Bruxelles et mon histoire familiale. J’ai aussi beaucoup écrit sur le genre et la masculinité. J’ai donné des formations dans les écoles avec des adultes sur ces questions-là.

    Comprendre comment est-ce qu’on devient homme ? J’essaye de travailler sur ma masculinité à fond. J’aborde aussi la thématique de l’antisémitisme qui est une forme de racisme dont on peut s’imaginer qu’on parle beaucoup mais qui d’une certaine manière est assez invisibilisé. Je n’essaye pas de l’amener de façon culpabilisante mais toujours sur le prisme de l’humour. J’essaye de déconstruire, de détourner les choses pour petit à petit faire réfléchir sur ces questions.

    As-tu déjà été victime de racisme ?

    Oui et je trouve que l’antisémitisme est vachement minimisé. Ça peut aller de réflexions à des assignations. Je crois qu’on grandi chacun et chacune avec des peurs de créer des choses dont on s’estime qui nous sont attribuées. Par exemple : je sais que j’ai tendance à être très généreux parce que j’ai toujours eu peur qu’on me dise : « Ah mais fais pas ton juif ou quelque chose comme ça ». Puis, j’ai aussi vécu des moments de violence anti-juives. Il y a cette fois où j’étais dans le tram après un match de l’Union Saint-Gilloise, j’adore l’Union mais là, je dois quand même le dire. Il y avait des supporters qui étaient en train de dire « Ce joueur c’est vraiment un gros con, c’est un PD de juif » ou un truc comme ça. C’est une microviolence, elle n’était pas directement dirigée contre moi mais sur le moment, ça t’impacte.

    Nous avons pu t’admirer à Esperanzah ! édition 2023, quels sont tes futurs projets ?

    Alors, tout bientôt, on part faire une tournée à vélo fin aout début septembre. Le concept, c’est qu’on transporte tout à vélo. Ca fait quatre ans que je fais ça. La dernière tournée que j’ai faite, c’était même à pied. Y avait des gens qui nous suivaient avec du matériel à vélo mais nous on a marché pendant 10 jours. L’idée c’est de faire des tournées avec peu d’émission de carbone et de réfléchir à des modèles décarbonés.

    Cette année vu qu’on est dans une région vallonnée, on va prendre des vélos électriques. Les autres années, ce sont des vélos non électriques mais ça te tue (rires). Parce que tu joues tous les soirs puis tu fais du vélo dans la journée, t’es assez crevé (rires).

    Cette tournée va se passer dans le Condroz. Une région autour de Ciney, Seraing et on finit sur Namur. Ça commence le 30 aout jusqu’au 5 septembre. Ça s’appelle « Bicykletjes Tour » avec un super groupe qui s’appelle PEPS, c’est deux meufs qui parlent de sexualité. On aborde chacun un prisme différent sur les thématiques qui dès fois se répondent dont c’est très enrichissant.

    Pour plus d’infos sur Zaïmoon et ses projets, retrouvez le sur les réseaux sociaux : @zaimoon est sur Facebook et Instagram.

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