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    « Youssef Salem a du succès », Ramzy aussi

    Youssef Salem a du succès
    de Baya Kasmi
    Comédie
    Avec Ramzy Bedia, Noémie Lvovsky, Abbes Zahmani
    Sorti le 18 janvier 2022

    La quarantaine bien entamée, Youssef Salem peine à percer dans le monde de l’écriture, tout comme il se garde bien de trouver une stabilité dans sa vie sentimentale. Lorsque Youssef décide d’écrire un roman presque autobiographique, ce dernier rencontre un succès inespéré. Le début d’une belle carrière pour l’écrivain, mais aussi celui du cauchemar pour l’homme. En effet, en s’inspirant assez fidèlement de son entourage familial pour croquer ses personnages, Youssef redoute plus que tout leurs réactions. Dans une famille truffée de non-dits – une mère sexuellement insatisfaite, une sœur homosexuelle, les mensonges de Youssef sur sa propre vie, etc -, la lecture du roman autobiographique Le Choc toxique risque de créer des remous… surtout auprès de son père.

    « Quand un écrivain naît dans une famille, alors cette famille est foutue », déclarait jadis Philip Roth. Cette citation, reprise à dessein par un journaliste dans le film, pourrait à elle-seule résumer la trame du nouveau long métrage de Baya Kasmi (réalisatrice et co-scénariste) et de son mari Michel Leclerc (co-scénariste). De fait, le duo, connu pour Le Nom des gens et La Vie très privée de Monsieur Sim, nous narre ici la vie somme toute assez classique d’un écrivain modeste et de la comparaison de ses écrits avec sa propre réalité. Mais là où le film trouve son originalité, c’est dans la contextualisation de son sujet. En plaçant son protagoniste principal dans une famille issue de l’immigration algérienne, où les tabous se dérobent derrière des moucharabiehs fictifs et où la confrontation des générations se fait dans un respect ténu, la réalisatrice nous sert un savoureux mélange humoristique, saupoudré de moments intimistes et dramatiques. Si les scènes s’enchaînent parfois de manière inégale, et si la musique paraît quelque peu redondante, le long métrage se laisse regarder avec envie, compassion et sourires.

    Mais cette réalisation trouve aussi sa réussite dans celle de son acteur principal, Ramzy Bedia. A tout juste cinquante ans et après vingt-cinq années de carrière, le natif de Paris nous offre une palette assez méconnue de son registre, où la drôlerie potache est délaissée au profit d’un humour plus fin et naturel. Un univers à explorer pour le comédien, bien aidé ici par les interprétations très justes de Noémie Lvovsky et Abbes Zahmani.

    En résumé, Youssef Salem a du succès nous distille une comédie originale, qui joue avec les clichés de manière relativement habile. On regrettera peut-être un rythme poussif et des raccourcis trop évidents.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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