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    Wonder, le monde d’Auggie

    Wonder

    de Stephen Chbosky

    Drame, Famille

    Avec Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay

    Sorti le 27 décembre 2017

    August Pullman est un jeune garçon comme tant d’autres, avec les mêmes rêves, les mêmes aspirations et les mêmes désirs d’enfant. Toutefois, étant atteint du syndrome de Treacher Collins, cela l’oblige à percevoir le monde d’une toute autre manière. Défiguré par cette maladie génétique, Auggie a constamment peur du regard des autres et de leurs jugements. Une crainte qui ne fait que s’accentuer lorsqu’Auggie apprend qu’il est temps pour lui d’intégrer un établissement scolaire.

    En 2008, Stephen Chbosky quitte les couloirs de CBS et les scripts de la série télévisée Jericho pour ressortir son roman épistolaire intitulé The Perks of Being a Wallflower (Pas raccord dans sa version française). Son objectif est clair : transposer son histoire partiellement autobiographique au cinéma. Quatre années plus tard, Le Monde de Charlie sort dans les salles obscures et fait un carton, relançant par la même occasion les ventes du livre, mais aussi la controverse. Dans certains coins des Etats-Unis, le livre sera banni des listes scolaires, jugé obscène pour avoir abordé des thèmes dérangeants comme la sexualité, l’homosexualité, le suicide, la drogue et l’alcool.

    Aujourd’hui, comme si il n’en avait pas fini avec les tortures enfantines et adolescentes, Stephen Chbosky nous propose un nouveau long métrage intitulé Wonder. Adaptée d’un roman pour enfants écrit par R. J. Palacio, cette histoire est bien plus légère que ne l’était celle du Monde de Charlie. Sans sexe et sans excès, elle nous dévoile les pensées d’Auggie, un jeune garçon de 10 ans au visage défiguré par une maladie génétique. Un sujet lourd et délicat que Stephen Chbosky a travaillé avec bienveillance et méticulosité. De fait, pour éviter l’écueil du pathos et pour alléger son sujet, le cinéaste a gavé son script de bons sentiments et de clichés accommodants, tels l’ami gentil et pauvre, l’adversaire méchant et riche, les amis de l’ombre afros ou asiatiques, etc. Bien entendu, ces personnages étaient déjà présents dans le roman de R.J. Palacio, mais force est de constater que Chbosky leur offre un rôle davantage débonnaire.

    Passé cela, il faut alors regarder les personnages périphériques à l’enfance car, au-delà du protagoniste principal et de sa quête de normalité, il existe dans ce récit des messages sous-jacents – bien plus complexes à cerner – qui se dissimulent dans les seconds rôles ou les seconds plans. Cette mise en abyme de la trame principale permet au spectateur d’entrevoir Auggie à travers le prisme de ses pairs. Ce procédé est d’autant plus intéressant qu’il est utilisé ici par Stephen Chbosky. On se complaît alors de vivre l’histoire à travers Via, la soeur adolescente d’Auggie, ou Miranda, l’ex-meilleure amie de Via. La pudeur avec laquelle le réalisateur filme l’adolescence et ses déboires est tout bonnement magistrale.

    En résumé, Wonder est un excellent long métrage de Noël, lesté de tristesse mais gorgé de tendresse. Une comédie familiale propageant la bonne parole. Tout est bien qui finit bien.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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