Warcraft : Le Commencement
de Duncan Jones
Fantastique, Action, Aventure
Avec Travis Fimmel, Toby Kebbell, Paula Patton
Sorti le 1er juin 2016
Au royaume d’Azeroth, les humains vivent en paix dans une nature luxuriante. Mais dans un autre monde, celui des Orcs, l’environnement est devenu invivable à tel point que leur chef, le redoutable sorcier Gul’dan, décide d’ouvrir la Porte des Ténèbres afin d’envahir le monde d’Azeroth aidé de sa horde. Les humains, bénéficiant de la protection du gardien Medivh, ne sont cependant pas prêts à se laisser exterminer.
Six ans après le succès de Prince of Persia et quelques mois avant la sortie d’Assassin’s Creed, c’est au jeu vidéo Warcraft à avoir droit à son adaptation cinématographique sous la direction de Duncan Jones, le fils de David Bowie. Une sortie somme toute assez logique vu le succès de ce jeu en ligne massivement multijoueur sorti en 1994.
Pourtant, le doute était de mise dans le chef de la critique puisque l’histoire de fond de l’univers Warcraft – bien que singulière – demeure ancrée dans le genre médieval-fantastique. Un genre surexploité ces deux dernières décennies avec des sagas comme Le Seigneur des Anneaux ou des séries comme Game of Thrones. Face à ces mastodontes de la fantasy, Warcraft allait devoir user d’ingéniosité pour éviter la redondance. Au regard du résultat, on ne peut pas dire que le pari soit entièrement réussi, même si le long métrage est d’une propreté architecturale et visuelle incontestable.
De fait, Duncan Jones livre avec Warcraft un film très académique mêlant action et légèreté dramaturgique pour mieux travailler à cheval entre l’heroic fantasy et la high fantasy. Et comme dans tout bon blockbuster qui se respecte, le cinéaste britannique n’hésite pas à user d’effets spéciaux grandioses pour relancer l’intérêt d’un récit peu original, dans lequel le bien et le mal se confrontent pour la énième fois dans l’histoire du septième art.
Toutefois, passés les poncifs esthétiques, Warcraft arrive à convaincre le spectateur lambda, c’est-à-dire celui qui n’a jamais joué au jeu éponyme. C’est à ce moment précis que l’on est heureux de voir que le talent de conteur SF de Duncan Jones s’est une nouvelle fois révélé. En intégrant au récit le personnage de Durotan (une sorte de Claus Von Stauffenberg bestial), chef des Loup-de-Givre (un des clans de la horde d’Orcs), le réalisateur et scénariste a réellement transposé le jeu en film. Et pour cause, les questionnements philosophiques et les revirements de ce faux méchant vont permettre à ce premier film de la saga de se magnifier de suspense et d’intensité pour le plus grand bonheur des cinéphiles.
En résumé, si Warcraft possède de nombreux atouts visuels, il constitue également une bonne base scénaristique pour que puisse être développée par la suite une histoire intéressante et intelligible. Cela étant dit, on est encore loin du monde créé par George R. R. Martin, et encore bien davantage de celui imaginé par Tolkien. La preuve ? Warcraft s’en inspire allègrement.