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    Voyage en Chine de Zoltan Mayer

    voyage en chine affiche 2

    Voyage en Chine

    de Zoltan Mayer

    Drame

    Avec Yolande Moreau, Qu Jing Jing, Ling Dong Fu, etc.

    Sorti le 10 juin 2015

    Une nuit, une sonnerie de téléphone, une lumière dans une chambre. Liliane apprend une nouvelle brutale. Son fils est décédé dans un accident de la route. Son fils unique qu’elle n’avait plus vu depuis de nombreuses années, parti en Chine où il avait construit une vie loin des siens suite à de lourds différends avec son père. Face à une bureaucratie impuissante et un mari obtus, Liliane décide d’aller seule à l’autre bout du monde pour rapatrier le corps de son garçon. A l’arrivée, elle n’est qu’un bloc de douleur tentant péniblement de retrouver les traces de son enfant perdu dans un pays où elle ne maitrise ni la langue, ni les codes. Dévastée, les yeux hagards et les gestes lents, elle transporte sa douleur sourde de Shanghai au Sichuan. Mais peu à peu, au fil des rencontres et aux détours des chemins, des sourires vont se dessiner, des mots vont s’échanger. Et le chant d’adieu au fils disparu finira par se transformer en un doux réveil à la vie.

    Le premier long-métrage du réalisateur Zoltan Mayer, Voyage en Chine n’est donc pas un requiem sombre et poétique sur la mort d’un enfant mais plutôt une mélodie touchante sur la renaissance à la vie d’une mère endeuillée à travers sa confrontation à une autre culture, à une autre sensibilité. Son point de vue sur l’héritage que les morts laissent aux vivants, Zoltan Mayer l’a trouvé dans les écrits de François Cheng. En écho à l’écrivain chinois pour qui le devoir des vivants est de vivre et d’accomplir la part de vie dont les morts ont dû vraisemblablement se séparer, le réalisateur franco-hongrois convoque également la mort pour mieux y célébrer la vie.

    Sous les traits d’une magnifique Yolande Moreau, son héroïne va découvrir au contact de la nature et des rites mortuaires taoïstes un autre rapport au temps et à la mort. Tout comme son fils, loin de son passé et de sa vie ordinaire, elle va être confrontée à un dépaysement culturel intense. Son pèlerinage intime lui donnera l’occasion de tisser des liens avec les êtres qui étaient chers à son fils mais aussi d’emprunter ses routes, de s’imprégner de son quotidien, et par-delà l’hommage rendu, ce voyage lui permettra de connaitre un certain réenchantement de la vie.

    Gracieux et sensible, le film ne verse jamais dans un sentimentalisme convenu et échappe aux lieux communs. Tout en pudeur, Mayer laisse parler ses images et réussit à saisir des instantanés de vie. On lui reprochera cependant un manque d’intensité et de souffle dans son histoire mais aussi quelques facilités scénaristiques (Liliane rencontre très peu d’obstacles sur sa route pour se faire comprendre; plusieurs de ses interlocuteurs s’expriment étrangement dans un français plus que convenable).

    En photographe estimé, il signe néanmoins un remarquable travail sur les cadrages, les reflets et les flous. Il capte aussi de beaux moments comme la scène où les amis du défunt convient Jacques Brel et son Vesoul à une cérémonie commémorative bien singulière.

    A la fois sensoriel et spirituel, intérieur et contemplatif, le voyage en Chine de Zoltan Mayer n’est pas exempt de défauts mais vaut certainement le détour pour sa belle palette d’acteurs et de paysages.

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