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    [BIFFF 2022] John McTiernan : « Vous voulez de meilleurs films ? Il faut changer de système économique! »

    Invité d’honneur du BIFFF et élevé à l’Ordre du Corbeau, John McTiernan nous a accordé un moment pour discuter cinéma et films fantastiques. Et ce qui est sûr, c’est que le réalisateur de Die Hard et Predator n’a pas sa langue dans sa poche, quand il pense quelque chose, il n’hésite pas à le dire haut et fort. Pour notre plus grand plaisir. Entretien sans tabou.


    Olivier Eggermont : Qu’est-ce que ça vous fait d’être présent au BIFFF cette année, surtout après la période Covid qui a été très difficile pour tout le monde ?

    John McTiernan : Le BIFFF est génial. C’est une ambiance fantastique et folle. La Belgique a un sens de l’humour assez dingue que je n’avais pas remarqué auparavant. Je ne savais pas non plus que Magritte était Belge. Mais j’adore ce sens de l’humour très décalé et ça se voit dans les projections des films. C’est fantastique. La dernière fois que j’étais ici en Belgique, l’ambiance était beaucoup plus formelle et sérieuse. Maintenant, ça m’a l’air d’être le genre de pays que les jeunes aiment. Et dans un pays, si la jeunesse est heureuse alors c’est un pays heureux. Vous les gars (ndlr : il nous désigne) vous devez prendre du très bon temps ici (rires).

    O.E. : En effet.

    J.M. : Et ça veut dire que vous vivez dans un pays heureux où il fait bon vivre.

    O.E. : Il y a beaucoup de films fantastiques, de science-fiction et d’horreur au BIFFF. Quelle est votre vision sur l’évolution de ces genres cinématographiques ?

    J.M. : Je ne sais pas s’il y a eu une évolution. Aux États-Unis par exemple, ils ne font plus de films sur les gens. Ils font des films sur les super-héros, les magiciens ou sur des animaux qui ont disparu de la surface de la terre. Et pour moi, il y une raison politique à cela. C’est triste mais ce n’est pas qu’une question de style ou de tendance. C’est une volonté large et profonde. Heureusement, ça n’arrive pas à en Europe. L’Europe ne connaît pas encore ce type de révolution. Peut-être en Hongrie oui. Mais des gens comme Boris Johnson sont occupés à détruire le monde occidental, le monde libéral que des gens comme vous apprécient.

    O.E. : Evoquons maintenant vos films.

    J.M. : D’accord. Vous n’aimez pas parler de politique ? (rires)

    O.E. : Aucun soucis pour nous (rires). Vos films comme Die Hard ont servi d’inspiration pour de nombreux réalisateurs et sont encore célébrés partout comme ici au BIFFF. Qu’est-ce que cela vous fait de voir que vos films sont devenus intemporels ?

    J.M. : En vérité. Tout ce foin que font les journalistes et les critiques autour de mes films, ça ne change pas ma vie. Je ne me disais pas « OK, je vais faire un classique ! Non il ne faut pas faire ça, il faut changer, ce n’est pas assez classique pour le film ! ». Quand tu fais un film, tu essaies juste de faire du mieux possible. Et c’est fantastique si d’autres personnes disent que c’est un bon film. Mais je ne touche pas de royalties si quelqu’un dit que mon film est un classique (rires). Mon beau-père disait que c’est mieux qu’un coup dans l’œil avec un bâton pointu (ndlr : expression américaine). Donc je suppose que maintenant qu’on passe encore Die Hard à Noël plus de 20 après qu’on l’ait fait, c’est bien mieux que de prendre un coup dans l’œil avec un bâton pointu (ndlr : toujours une expression américaine). Mais ça ne change pas ma vie. C’est plus important pour les journalistes.

    O.E. : Concernant vos actualité, que pouvez-vous nous dire à propos des projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

    J.M. : Je ne veux pas en parler parce que je ne veux pas leur porter la poisse. Je l’ai fait par le passé et au final, tant que ce n’est pas signé, rien n’est écrit. Mais ce sera une histoire d’amour avec une certaine dose d’action.

    O.E. : Concernant par contre Predator, un remake vient d’être fait. Mais la question que je me pose est : est-ce que votre version de Predator sortirait encore au cinéma de nos jours ?

    J.M. : Eh bien ils viennent de sortir le nouveau donc cela répond à votre question. Je ne l’ai pas encore vu d’ailleurs donc je ne sais pas comment il est et je ne sais pas à quel point il est différent de mon film. Vous l’avez vu ? Non. Donc aucun d’entre nous ne sait de quoi il parle (rires).

    O.E. : Vous n’avez pas l’air d’avoir une très bonne image de l’industrie cinématographique actuelle. Mais pour vous, comment un film actuellement pourrait sortir du système que vous dénoncez et avoir une certaine originalité ?

    J.M. : Il faut changer le système économique de l’industrie cinématographique. Ce n’est pas une question d’esthétique. C’est une question économique et politique. L’industrie fait les films actuels pour des raisons politiques. Ils ne feront pas de films sur des gens normaux pour ces mêmes raisons politiques. Au final, les réalisateurs s’en fichent des films qu’ils font. Leur seul objectif est de gagner de l’argent. C’est leur seule loi. Ils s’en fichent du reste.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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