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    Vortex Temporum à Charleroi danses

    Chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker, créé avec et dansé par Boštjan Antončič, Carlos Garbin, Marie Goudot, Cynthia Loemij, Julien Monty, Michaël Pomero, Igor Shyshko

    Le 28 novembre à 20h aux Ecuries

    Ce vendredi 28 novembre, Charleroi Danses était très fier d’accueillir Vortex Temporum de Anne Teresa De Keersmaeker. Pour ce spectacle, la célèbre chorégraphe belge flamande a associé sa compagnie Rosas avec Ictus, un ensemble bruxellois de musique contemporaine.  Durant une heure, musiciens et danseurs se sont assemblés sur scène pour explorer l’œuvre de maturité du compositeur français Gérard Grisey Vortex temporum.  Ecrit à la fin des années 90, ce morceau pour un sextuor instrumental, comprenant ici piano, flûte, violoncelle, clarinette, violon et alto, appartient à la notion de musique spectrale. Ce mouvement musical travaille sur une exploration du son dans le tempo. Il se base sur une structure rigoureuse de boucles rythmiques. Anne Teresa De Keersmaeker a lu dans la partition de Gérard Grisey une invitation au mouvement et tout particulièrement à la figure de la spirale et du tournoiement.

    Dans le début des années 80, Anne Teresa De Keersmaeker apporte un nouveau souffle à la danse en mettant au point un courant prenant comme base le minimalisme. Par son travail, elle vise alors à mettre en avant la relation entre la danse et la musique. Mais elle prend également en compte, au-delà des corps et du son, l’espace et l’architecture. Elle travaille le tout dans une rigueur implacable. Reconnue tout particulièrement avec ses chorégraphies Fase et Rosas danst Rosas, Anne Teresa de Keersmaeker a su depuis ses premiers pas minimalistes, élaborer un vocabulaire chorégraphique très développé syntaxiquement et travaillé minutieusement en accord avec des écritures musicales.

    Elle a ainsi très rapidement mis en place une méthode de transposition visuelle de partition pour parvenir à la mise en mouvement de celle-ci. Ce principe, elle l’applique sur Vortex Temporum. Chaque danseur est associé à un musicien. Ici les instrumentistes de Ictus s’associent au danseurs de la compagnie Rosas. Les duos se forment en fonction de correspondances intuitives et créent des connexions entre le rôle de l’instrument et certains idiomes dansés. Le mouvement est alors composé mesure par mesure et demande dans sa conception une analyse très stricte de la partition musicale en collaboration avec le chef d’orchestre. De là, chaque danseur phase ses mouvements sur l’une des parties instrumentales de la partition mais également sur des gestes physiques de « son » instrumentiste.

    L’ensemble donne une écriture précieuse et des mouvements sobres. On perçoit aisément dans ce tourbillon des corps un questionnement sur la contraction et la dilatation du temps.  Questionnement qui se marque au cœur de la musique spectrale et qui s’illustre sur la scène par l’alternance de temps forts et de temps calmes, par les courses des danseurs et par cet espace qui les enferme dans des boucles. Vortex Temporum est donc une pièce intellectuellement très travaillée. Elle veut moins parler au corps qu’à l’esprit. Elle ne cherche pas à emmener le spectateur dans un envol chorégraphique mais à visualiser les liens qui unissent les danseurs et les musiciens.

    Si le spectateur veut se plonger plus en profondeur dans le travail de Anne Teresa de Keersmaeker et tout particulièrement dans Vortex Temporum, sachez qu’une exposition intitulée « work/Travail/Arbeid » se tiendra au wiels du 20 mars au 17 mai 2015.

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