De Furious Monique
Avec Mickey Boccar et Florian Jubin
Du 06 novembre au 22 novembre 2024
Aux Théâtre des Riches Claires
Tout comme un film, une pièce de théâtre suit une narration. Du moins, elle suit une narration si elle ne veut pas être cataloguée comme expérimentale ou conceptuelle, ce qui, comme il en est pour le cinéma expérimental, limiterait drastiquement sa diffusion. Ainsi, il faut une histoire, même si elle n’est qu’un prétexte. Voix lactique suit cette logique en assumant ouvertement l’aspect dérisoire de sa narration. Il y a bel et bien un récit, celle de deux orphelins dont le destin est de retourner dans le passé pour enregistrer toute la musique terrestre, mais l’intérêt est ailleurs. L’enregistrement en question, c’est eux qui le font, et les morceaux, c’est eux qui les jouent. C’est là qu’on trouve l’essence de Voix lactiques : s’amuser avec la musique. Mélanger, yaourter, remixer la bande-son de l’histoire.
Il y a, cela dit, un parti pris non négligeable. La bande-son n’est en réalité pas celle de l’histoire, mais celle de leur histoire. C’est donc une trame sonore extrêmement connotée retraçant plus l’enfance et l’adolescence des interprètes qu’une véritable histoire de la musique. Peu des morceaux repris ou des artistes imités sortent de ces quarante dernières années ou ne sont pas soit américains soit français.
Cet élément n’est pas une faiblesse en soi, mais il donne une identité au spectacle : c’est un show générationnel. Avec leur costume et leur récit parodiant la SF des années 80, les Furious Monique s’adressent directement à leur génération, surfent sur la nostalgie de ceux qui ont grandi et commencent à vieillir avec cette musique. Mais cette pièce ultra référencée s’habille du genre de la comédie en utilisant des dispositifs (mélange de genres, d’interprètes, jeux de mots) qui donnent un cachet soirée entre copains et délire de potes.
D’un point de vue efficacité, ça marche, il n’y a rien à dire. On se marre, on bouge la tête, on en sort avec une grosse envie de chanter. Mais on en reste un peu là, et c’est dommage. L’aspect pastiche de la représentation prend tout sur son passage et peu de moments se prêtent à un ton plus sérieux. Or, Mickey Boccar et Florian Jubin ne semblent absolument pas dénués de talents musicaux et les quelques épisodes de musiques originales sans vannes donnent envie de voir ce que pourrait donner non plus une pièce comique, mais un concert. Un concert qui pourrait faire sa part belle à l’humour (comme un Éric Antoine, qui a réussi à mêler la comédie à la magie). Un concert qui pourrait intégrer des reprises, des remix, des mélanges aussi ambitieux qui ceux présents dans Voix lactiques. Un concert qui serait un peu plus qu’un simple divertissement.