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    Vitor Hublot – Anartiste d’avariété de Guy Clerbois

    Anartiste d'avariété

    auteur : Guy Clerbois
    édition : Lamiroy
    sortie : juin 2015
    genre : autobiographie

    Guy Clerbois, tailleur de pierre wallon pas vraiment musicien mais amoureux des sons, commence dans les années 80 à transformer les sons, à détourner des chansons existantes, en désaccordant sa  guitare ou en jouant sur les vitesses d’enregistrement : c’est Vitor Hublot, projet allumé et décalé qui lui assure une certaine reconnaissance dans le milieu underground belge.

    Dans ce petit abécédaire, Guy Clerbois retrace donc l’aventure Vitor Hublot – Anartiste d’avariété, à travers l’évocation de ses influences, de ses rencontres, de ses projets inaboutis ou réussis, comme son album de reprises collectives de Brassens. Il expose aussi sa vision de l’industrie du disque, de l’évolution du monde musical, des modes, mais aussi de la mondialisation, des rapports de sexe, etc…

    Suivre par fragments le parcours atypique d’un inclassable assumé, pourquoi pas ? Le problème, c’est que sous les dehors de l’hommage aux uns et aux autres, de l’humilité du petit gars qui n’a jamais voulu faire autre chose que s’amuser et du récit d’expériences souvent chaotiques, pointe bien vite un mélange indigeste de narcissisme et d’amertume qui frôle la mauvaise foi. Le livre de Guy Clerbois prend la forme d’une longue auto-justification de son manque de notoriété, le succès apparaissant étonnamment comme un repoussoir honni, mais par rapport auquel il ne cesse de se positionner. On comprend bien vite que « c’est la faute aux médias » et plus largement « au système », qui ne connaît que le culte de la consommation et du « commercial ». D’Internet à la jeunesse actuelle, de l’art contemporain aux artistes vendus qui font des disques, les clichés les plus simplistes tombent en rafale, et on a la désagréable impression, derrière le style décontracté voire désinvolte, d’entendre la logorrhée d’un ego frustré, ressassant sans humour ni recul l’incroyable injustice qui l’a laissé loin des spotlights – qu’il vomit.

    La vie d’artiste est très certainement cruelle et difficile – nul ne l’ignore. Donner à voir ce qu’elle est, dans ses ambiguïtés et ses mesquineries, ses espoirs et ses trahisons, ses zones de souffrance, est une entreprise qui pourrait être à la fois éclairante et touchante. Cela exigerait de la lucidité, de la générosité, de la nuance, qui malheureusement font ici défaut dès que Vitor Hublot se penche sur son propre cas. Au lieu de ça, en dehors de quelques anecdotes et bribes de portraits amusants, on a surtout l’impression d’être au zinc du café du commerce. Pour un « anartiste » qui s’enorgueillît d’être à jamais « hors format pour la soupe populaire », c’est dommage.

    Emilie Garcia Guillen
    Emilie Garcia Guillen
    Journaliste du Suricate Magazine

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