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    Quand la pleine conscience s’immisce dans l’œuvre

    À l’occasion de la réouverture des salles consacrées aux grands peintres hollandais, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique ont proposé à l’experte de la pleine conscience (mindfulness en anglais) Marjan Abadie d’emmener les visiteurs au cœur de certaines toiles, grâce à une approche méditative.

    C’est à l’intérieur de l’œuvre Les pèlerins d’Emmaüs d’Abraham Bloemaert (XVIIe siècle), exposée dans l’une des salles du Musée Old Masters, que Marjan Abadie nous a promené lors de la première visite en pleine conscience organisée dans le cadre de l’exposition Dutch Spring. Il s’agit de tisser un lien particulier et intime avec cette toile. La scène, religieuse et narrative, montre l’apparition du Christ à deux hommes partageant un repas dans une taverne. L’expérience de la pleine conscience dans un musée, particulière et unique en Belgique, vise à faire découvrir ou revivre cette pratique aux visiteurs qui souhaitent aborder l’art d’une autre manière.

    Photographie du tableau d'Abraham Bloemaert, Les disciples d'Emmaüs, 1622.
    Abraham Bloemaert, Les disciples d’Emmaüs, 1622. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : J. Geleyns – Art Photography.

    Un rapport différent à l’œuvre et au temps

    Assis en demi-cercle face au tableau, les visiteurs sont invités à fermer les yeux et à entrer dans la toile, à se l’approprier en se laissant porter par leurs émotions. « Un esprit d’expert voit certaines choses, mais celui d’un inconnu voit l’infini », explique la créatrice de l’institut Mindfulness. Elle insiste sur le fait que cette démarche incite au « non savoir », au sensoriel. Alors que les responsables du projet lui ont proposé certaines toiles qu’elle n’aurait elle-même pas choisies, Marjan Abadie a eu besoin de temps pour se laisser amadouer par ces scènes : « Il faut du temps pour mieux goûter la technicité des œuvres ». Et c’est bien le temps qu’apporte la pratique de la pleine conscience, l’observation d’un objet ou d’une œuvre sur une durée très longue, en faisant abstraction du bruit et autres perturbations qui nous entourent.

    Une expérience Slow Art balbutiante

    Si le concept est intéressant et attise la curiosité, l’expérience peut s’avérer décevante, surtout pour celles et ceux qui ne connaissent pas la pratique de la pleine conscience et qui pourraient en attendre trop. Marjan Abadie nous guide avec ses propres perceptions, ce qui influence notre observation. Mais selon elle, la pleine conscience est justement là pour « gagner en souplesse cognitive ». Libre à chacun donc de s’approprier l’œuvre à sa façon.

    Cependant, la visite, limitée à des groupes de quinze personnes, ne nous fait observer que deux ou trois tableaux, en une, voire deux heures. L’expérience pourra donc paraître lente et longue à certains, ou relaxante et méditative à d’autres. Ici, pas d’histoire de l’art, pas d’anecdotes. Aucune information ni sur les peintres, ni sur les toiles, ni sur leur travail, ni sur leur époque. Il s’agit d’un vécu personnel, qui pourrait d’ailleurs s’appliquer à n’importe quel tableau, dans n’importe quel musée. Le mindfulart reste donc une expérience très personnelle et subjective, qui ravira sans doute les initiés de cette pratique et attisera la curiosité des novices.

    Infos pratiques

    • Où ? Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 3 rue de la Régence, 1000 Bruxelles.
    • Quand ? Les dimanches 17 février, 17 mars et 28 avril 2019 de 15h à 16h. Les jeudis 21 mars et 25 avril 2019 de 12h30 à 13h30.
    • Combien ? 15 EUR au tarif plein. 12 EUR pour les étudiants, les séniors, les Amis et les Mécènes du Musée.
    Déborah Neusy
    Déborah Neusy
    Journaliste du Suricate Magazine

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