Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
de Felix Herngren
Comédie
Avec Robert Gustafsson, Iwar Wiklander, David Wiberg, Mia Skäringer, Jens Hultén
Sorti le 28 mai 2014
Critique :
Alors que toute la maison de retraite se prépare à fêter les 100 ans d’Allan Karlsson, ce dernier saute par la fenêtre et prend la poudre d’escampette. Sans préméditation aucune, il se lance dans une folle escapade de Byringe à Bali avec de nouveaux acolytes : Julius, un petit malfrat à la retraite, Benny, un vendeur de hot-dogs presque diplômé en presque tout et Gunilla, une énergique rousse et son éléphant Sonja. À leurs trousses, les membres de l’organisation criminelle Never Again, bien décidés à récupérer la valise qu’Allan leur a dérobée par mégarde, et le piteux commissaire de police Aronsson, en charge de la disparition du vieil homme. Au cours de ces aventures, Allan se remémore une existence riche en explosifs et en rencontres improbables.
L’adaptation du best-seller du suédois Jonas Jonasson ne s’annonçait pas comme une mince affaire. En plus d’être un énorme succès littéraire – best-seller dans 38 pays, plus de 6 millions de ventes – Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire mêle deux intrigues : celle de la cavale du centenaire et celle de toute une vie à traverser nonchalamment les plus grands bouleversements du XXème siècle. Autant dire que rebondissements invraisemblables et flashbacks se succèdent.
La tâche était donc ardue, mais le résultat est correct : la réalisation de Felix Herngren tient la route. Même si le lecteur, devenu spectateur, sera frustré de certains (grands) raccourcis qui enlèvent à l’histoire de savoureuses péripéties, l’intrigue du film reste cohérente et fonctionne indépendamment du livre. On y trouve même quelques ajouts bien calibrés, notamment celui d’un Ronald Reagan sur écoute qui hurle son opinion à propos du “mur”.
Dans le rôle d’Allan, désigné deux fois l’Homme le Plus Drôle de Suède, Robert Gustafsson incarne avec brio l’esprit du personnage de Jonasson : un hurluberlu dont les années n’ont pas entamé le goût de l’aventure. L’ensemble de l’équipe livre une très bonne prestation, mais David Wiberg, alias Benny, se distingue par sa drôlerie. On regrettera par contre que le réalisateur ait fait passer à la trappe le langage fleuri de Gunilla, jouée par l’énergique Mia Skäringer.
Quant au ton général de l’œuvre, le film est fidèle au livre : il s’agit d’un bon divertissement pour grand public. Les plans reproduisent cette impression de fable moderne, qu’il s’agisse des couleurs très vives, des personnages atypiques ou encore de la musique mêlant tuba et grosse caisse pour appuyer la loufoquerie des situations. À moins d’opter pour la version française, mention spéciale aussi pour le côté exotique du récit accentué par la langue originale, le suédois. Dommage cependant que le film soit entaché par une polémique quant aux mauvais traitements qu’aurait reçu l’éléphant sur le plateau de tournage.
À défaut d’être le film de l’année, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est l’occasion de passer un agréable moment cinéma, et surtout de se rappeler quelques bases de stoïcisme pour profiter de la vie, à l’instar d’Allan Karlsson : “Det är som det är och det blir som det blir”. (Pour ceux qui ne parleraient pas couramment suédois : « Les choses sont ce qu’elles sont et elles seront ce qu’elles seront »).