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    Une version modernisée de Macbeth au Public

    De William Shakespeare, mise en scène de Valentin Rossier avec Maxime Anselin, Edwige Baily, Barbara Baker, Laurence d’Amelio, François Nadin, Valentin Rossier et Gilles Tschudi. Du 1er septembre au 14 octobre 2017 au Théâtre Le Public.

    Confortablement installé, la salle s’obscurcit, Le Public devient silencieux. Avant que le spectacle ne commence, on nous informe que la pièce a failli ne pas avoir lieu à cause d’un problème de santé pour une actrice. C’est Laurence d’Amelio qui jouera donc le rôle de Lady Macbeth. Les répétitions ont été très courtes pour elle et on prévient dès lors de ne pas être effaré par le fait qu’elle ait sa brochure avec elle. Une pointe de malaise empathique survient du public. Est-ce que cela brisera le quatrième mur ? Est-ce que le jeu en sera touché ? Aucunement. Ce texte qui restera dans sa main semble être un simple réconfort, une boue de sauvetage dont elle n’aura finalement pas besoin.

    C’est une adaptation particulière. En effet, ce Shakespeare est amené dans une époque proche de la nôtre. Au lieu d’un château, c’est un building où chaque personnage détient son loft aux différents étages. Le décor est d’ailleurs fait d’un ascenseur au centre de la scène. Un canapé côté jardin et un bar aux mille bouteilles de bourbon côté cour. Très vite, ce texte d’un autre siècle devient intemporel. L’adaptation est réussie et très plaisante. On se laisse porter par l’enivrement des personnages, la soif de pouvoir de Macbeth et les différents tons donnés. Tantôt plus sereins, avec une musique d’ascenseur, tantôt plus saisissants avec un effet tamisé, rythmé par une musique angoissante.

    Un magnétophone trône sur le bar. Celui-ci semble communiquer avec l’au-delà. On y entend une narration passée, présente et future. Le tout accompagné de l’intervention de trois sorcières. Sortes de Pythies qui seconderont Macbeth dans ses désirs cruels. Beaucoup de tableaux de l’histoire sont sublimés, par le son, les lumières ou quelques faits produits derrière les portes coulissantes de l’ascenseur (très réaliste d’ailleurs !).

    Puisque les personnages sont plus d’une quinzaine et que sept acteurs partagent la scène, beaucoup se transforment en d’autres protagonistes. L’exploit de transformation est réussi et principalement pour les rôles masculins. François Nadin nous présente deux rôles qu’il scinde parfaitement, à savoir Banquo et le médecin, devenu psychiatre pour moderniser. Et Gilles Tschudi qui arbore un timbre de voix différent et même une autre démarche selon ses personnages. A moins que ce soit le fait de marcher avec des talons. Car oui, les hommes deviennent des femmes pour les besoins de la pièce, et la charmante Edwige Baily devient un fils. Si au début, on est surpris et on accepte le travestisme, très vite, il en devient burlesque et enlève du sérieux à certaines scènes.

    Et au centre de tous ces rôles, de tout ce décor et de cette mise en scène, nous avons droit à un Macbeth bluffant. Valentin Rossier vit ce roi d’Ecosse avec passion. Il en tremble, il en sue et on ne peut qu’apprécier son jeu. L’angoisse qui le tourmente constamment nous accompagne tout au long de l’histoire. On prend pitié, on l’aime et on le déteste à la fois. Comment peut-on lui en vouloir d’être si tortionnaire et impitoyable ? Mérite-t-il son sort ?

    Une belle réussite qui malheureusement atterrit sur un final hésitant. Le Public murmure « Est-ce vraiment la fin ? », « Doit-on applaudir, maintenant ? » ou encore « C’est le noir final ou ils vont encore sublimer quelques cruautés ? ».

    Christophe Mitrugno
    Christophe Mitrugno
    Journaliste du Suricate Magazine

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