Pour ouvrir son neuvième chapitre, intitulé Verisimilitude, le MIMA invite Félix Luque Sánchez, en collaboration avec Damien Gemay et Iñigo Bilbao Lopategui, à poser un questionnement sur la technologie d’aujourd’hui, ses faces d’ombre, et son avenir dans une époque incertaine.
Une visite en trois temps
Divisée en trois parties sur les trois étages du musée, Verisimilitude est selon ses artistes comparable à un opéra en trois actes sur le temps. Considérant les produits de la technologie comme les vestiges d’une époque révolue laissant la place à un avenir incertain, les œuvres évoquent la technologie actuelle comme un feu prométhéen, à la fois créateur et destructeur. La puissance de la technologie des années passées s’essouffle, les mécanismes de construction deviennent de plus en plus méconnus, la réparation devient impossible et l’obsolescence guette chaque appareil de plus en plus rapidement. C’est dans cet état d’esprit que Félix Luque Sánchez, Damien Gemay et Iñigo Bilbao Lopategui offrent un regard sur les technologies du passé, du présent et de l’avenir.
Le présent vu d’un futur proche
Symbole d’un capitalisme révolu, emblème d’une époque post carbone et devenue un vestige d’un passé proche, la voiture à une place importante dans l’exposition. Décomposées et laissées dans des casses automobiles, les carcasses de voitures et leurs pièces deviennent l’inspiration et les matériaux de base des artistes. En guise d’introduction, une vidéo est présentée au début de l’exposition, Junkyard montre trois jeunes en errance dans une ambiance de fin du monde, à la recherche de nourriture et finissant dans une casse de voiture pour installer une machine inconnue sur le capot d’une voiture. Directement présentée au premier étage, la machine tatoue robotiquement le métal de la carrosserie des plans de constructions de celles-ci. L’oeuvre évoque la part d’ombre de la technologie, les procédés de constructions deviennent de plus en plus complexes et méconnus, obligeant les consommateurs à nécessiter de l’aide en cas de panne. L’homme serait en passe de ne plus être maître de ses créations, à l’image du roman de Mary Shelley, Frankenstein.
Le présent regardant le passé
S’inspirant des forêts et des routes de campagne asturienne, Memory Lane présente au spectateur une série de quatre œuvres offrant un aperçu des paysages anciennement terrains de jeux des artistes originaire d’Espagne. Dans la chapelle du musée, une forêt de bois mort est recomposée en néon, s’allumant et s’éteignant en rythme avec une bande son calibrée. Ensuite, la reproduction d’un paysage sérigraphié n’apparait qu’à la lumière des flashs de GSM, lorsque l’on est placé devant et ajoute un aspect magique et poétique à l’exposition. Même sentiment ressenti devant l’installation suivante. Une copie d’un rocher provenant d’une forêt asturienne lévite par électroaimant, au-dessus d’une structure se déplacent devant des vidéos réalisées par scan 3D.
La machine dans un circuit infini
La dernière partie de l’exposition porte sur l’automatisation industrielle, une machine bloquée dans une tâche sans fin. Perpétuité I est composée de deux robots qui déposent et aspirent continuellement du sable noir posé au sol en formant le symbole de l’infini. Ici les machines ont été programmées par l’homme pour suivre le même circuit à l’infini, sans faille. Seul un élément lié à son alimentation électrique pourrait l’empêcher de réaliser sa tâche. Exposée pour la première fois sur une durée aussi longue que les cinq mois d’exposition, l’installation peut tout de même se modifier légèrement si le sable se dépose de manière différente avec le temps.
Félix Luque Sánchez évoque l’exposition tel un univers sombre constellé de lueurs d’espoir. Verisimilitude propose une série d’œuvres futuristes qui parlent d’aujourd’hui et d’hier. Jouant avec des objets symboles du capitalisme de nos jours en les montrant décomposés et inutiles, les artistes offrent un regard critique, mais parfois bienveillant sur les technologies qui nous entourent. Avec un effet visuel et parfois sonore puissant, chaque installation interpelle et pose des questionnements quant au passé, au présent et à l’avenir d’une société qui évolue frénétiquement.
Infos pratiques
- Quand ? Du 31 janvier au 30 mai 2021, du mercredi au vendredi de 10h à 18h et le weekend de 11h à 19h.
- Où ? MIMA, 39-41 Quai du Hainaut, 1080 Bruxelles.
- Combien ? 9,5 EUR au tarif plein. Différents tarifs réduits possibles.