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    Vania! au Rideau de Bruxelles

    De Anton Tchekhov et Christophe Sermet, avec Anny Czupper, Francesco Italiano, Philippe Jeusette, Sarah Lefèvre, Sarah Messens, Pietro Pizzuti, Yannick Renier, Philippe Vauchel.
    Du 4 au 22 novembre 2014 à 20h30 au Rideau de Bruxelles

    Jusqu’au 22 novembre au Rideau de Bruxelles, Christophe Sermet met en scène Vania !, une nouvelle version d’Oncle Vania d’Anton Tchekhov de 1897.

    Tout se passe dans une sublime propriété au milieu de la campagne, quelque part sur le continent russe. Le vieux professeur Serebriakov (Pietro Pizzuti), intellectuel vieillissant sans le sou, a décidé de s’installer dans le domaine familial de sa première femme. Sa fille, Sonia (Sarah Lefèvre), et son oncle Vania (Philippe Jeusette) exploitent comme ils le peuvent le domaine depuis des années. L’arrivée de Serebriakov et de sa jeune et belle épouse Elena (Sarah Messens) va troubler le quotidien de toutes les personnes qui ont toujours fréquenté le domaine.

    Sonia aime le docteur Astrov (Yannick Renier) mais celui-ci n’a d’yeux que pour Elena, aimée aussi de Vania qui, après avoir admiré le professeur pendant des années, commence à le détester. Étrange, non? Les vieux veulent être jeunes, les beaux veulent être intelligents, les laids veulent être beaux, les pauvres veulent être riches… Étrange… les gens sont étranges… (« Faces come out of the rain / When you’re strange / No one remembers your name / When you’re strange », paroles de People are Strange de The Doors, chantées sans hasard au tout début de la pièce par Anny Czupper qui joue la grand mère Maria, et Francesco Italiano, Fédor).

    Vania ! raconte les désirs, la violence, la vie, les drames. C’est la vie de huit personnages que l’on a devant les yeux, qui se croisent, se bousculent, se choquent, s’enlacent… La rancoeur s’accumule comme de l’électricité statique. Elle réchauffe l’air et explose avec la violence inattendue et sans but d’un orage.
    Vania est énervé car il a l’impression d’avoir gâché sa vie à servir le professeur.
    Le docteur Astrov ne comprend pas pourquoi les hommes sont si bêtes.
    Le professeur est contrarié car il est vieux et malade.
    Sonia est mécontente de sa laideur.
    Elena est agacée car elle ne ressent rien, et s’ennuie beaucoup.

    Parfois drôle, souvent amer, mais jamais banal. Sur scène, le décor est composé de portes, par où on rentre et on sort n’importe quand. Il y a le comptoir, le long comptoir qui pivote, au fur et à mesure des actes. A l’intérieur, plein de trésors : des verres, des bouteilles, des mappemondes, des papiers… Et aussi, il y a une hache, plantée dans une souche, que chacun plantera et déplantera à son aise.

    Christophe Sermet a décidé que pour Vania !, il avait besoin d’une traduction nouvelle, spéciale, juste pour son spectacle. C’est pour cela qu’il a fait appel à une traductrice, qui a repris le texte russe pour nous offrir un texte en français, nouveau. Souvent, les personnages sortent aussi du texte original pour chanter au son de la guitare de Francesco Italiano. Ce dernier cite aussi les premières lignes de la Divine Comédie, en italien dans le texte. C’est une descente aux enfers, l’entrée dans la forêt obscure, qui est au milieu de notre vie…

    Ca ressemble à la fin du monde, mais ce n’est rien, ni la fin, ni le début. Le matin suivant, le ciel est bleu, pour toujours. Il n’y a pas de sortie, il n’y a pas de remède. Il faut seulement vivre, travailler, se fatiguer, vieillir, et à la fin mourir. Peut être que seulement à ce moment-là il y aura quelque chose pour nous, une récompense, une punition, l’important est qu’il y ait quelque chose.

    Sonia à Vania : « Nous nous reposerons! Nous entendrons les anges. Nous verrons tout le ciel en diamants; nous verrons tout le mal terrestre, toutes nos souffrances, noyés dans la miséricorde qui emplira tout l’univers; et notre vie deviendra calme, tendre, douce, comme une caresse. Je crois cela, oncle; je crois… (essuyant les yeux de son oncle avec son mouchoir) Pauvre, pauvre oncle Vania, tu pleures… (les larmes aux yeux) Tu n’as pas connu de joies dans ta vie, mais patiente, oncle Vania, patiente… Nous nous reposerons…(elle l’embrasse) Nous nous reposerons! »

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