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    Van Gogh et le Japon de Louis van Tilborgh & Co

    auteurs : Louis van Tilborgh, Nienke Bakker, Cornelia Homburg, Tsukasa Kōdera et Chris Uhlenbeck
    édition : Actes Sud Beaux-Arts
    sortie : avril 2018
    genre : Beaux-Arts

    On savait que Vincent Van Gogh était attiré par les “japonaiseries” mais ce que l’on sait moins, c’est que s’il s’intéressa au Japon, c’était en grande partie parce qu’il cherchait à créer un art “nouveau” en intégrant les caractéristiques stylistiques de l’estampe japonaise à la peinture occidentale. En outre, cet intérêt faisait partie d’une recherche du peintre qui visait à la commercialisation de ses tableaux qui, comme on le sait, ne trouvèrent pas acquéreur de son vivant.

    Le Japon fut un pays qui resta longtemps isolé du reste du monde et ce, jusqu’à l’Exposition universelle de Paris de 1878. Les artistes, alors en quête de nouvelles sources d’inspiration, furent impressionnés par l’art japonais tout en sobriété et en intégrèrent les motifs dans leur art. Ce courant prendra le nom de japonisme et subira deux vagues. En effet, l’intérêt français pour le Japon atteint son apogée dans les années 1880 pour ensuite, durant la décennie suivante, ne présenter essentiellement qu’un intérêt politique puisque le pays est devenu un Etat puissant qu’il faut prendre en compte au niveau international.

    Au-delà de l’aspect commercial, Vincent Van Gogh fut pris de frénésie pour les “japonaiseries” et se constitua une collection de plus de 600 estampes dont les caractéristiques (gros-plan, sobriété de la ligne, sujets) se retrouveront bientôt dans sa peinture. Une étude a déterminé que la majeure partie des estampes du peintre provenaient des 2e et 3e périodes de la gravure japonaise. Les débuts de la gravure sur bois, considérés comme l’âge d’or se situe entre 1765 et 1806. La seconde période s’étale de 1805 à 1865 environ et correspond à l’apogée de la gravure en couleur, dont les représentants les plus connus sont Hokusai et Hiroshige. Enfin la troisième et dernière période s’étend entre 1865 et 1905 et se caractérise par l’utilisation d’encre moderne. Dès 1887 tous les motifs emprutés aux estampes de la deuxième et troisième période seront intégrés au répertoire du peintre et reviendront sans cesse dans son oeuvre jusqu’à la fin de sa vie.

    Van Gogh et le Japon est un très bel ouvrage pourvu de nombreuses et très belles illustrations qui nous plonge dans un monde coloré et poétique. Rédigé par une brochette de spécialistes en ce domaine, il ouvre notre regard sur une culture qui, malgré l’engouement qu’elle suscite, demeure emplie de mystère gardant jalousement ses secrets ou ne les distillant qu’à des initiés. C’est enfin plus qu’un “beau livre”, une véritable incursion dans l’intimité de la création artistique de Vincent Van Gogh.

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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