scénario : Pascal Forneri
dessin : Martin Trystram
éditions : Dupuis
sortie : avril 2014
genre : Humour, fantastique, polar, ésotérisme
La Vallée est le premier ouvrage du duo formé par Pascal Forneri et Martin Trystram. Au premier regard, la couverture de l’ouvrage est assez attirante et mystérieuse. On y voit un lettrage qui ressemble à s’y méprendre à celui des livres de Jules Vernes, une jeune fille au regard espiègle assise dans un fauteuil en osier et entourée de quelques moutons et d’un chat noir. Puis, un homme affublé d’un masque d’oiseau qui semble se cacher dans la tranche du bouquin.
En ouvrant le livre, on découvre une brochure publicitaire pour un endroit (recommandé par Les Établissements Généraux) surnommé « La Vallée » et qui se veut un lieu fait pour permettre à tout un chacun de laisser s’exprimer sa folie ! On devine dès lors que cette histoire va être particulière. Et l’on ne se trompe pas. La Vallée est une aventure qui nous plonge au cœur de la folie.
La trame est assez singulière : Edwin, un fonctionnaire extrêmement pointilleux sur la qualité de son travail, reçoit l’ordre de sa direction de diriger des bureaux dans un endroit qu’il ne connaît pas: La Vallée. Étonné, dans un premier temps, par le fait qu’on ne lui ait confié aucune tâche ni mission précise dans ce bureau, Edwin décide de sortir pour observer l’extérieur et essayer de mieux comprendre ce lieu et les gens qui y vivent. Mais très vite, Edwin va se rendre compte que l’endroit dans lequel on l’a emmené n’est rien d’autre qu’un sanctuaire destiné à rassembler tous ceux qui sont jugés fous (entendez par la tous ceux qui n’obéissent pas au diktat des Établissements Généraux) pour les isoler du reste de la population et éviter ainsi qu’elle ne se fasse influencer par ces marginaux. Au cours de son odyssée dans ce monde « fou », Edwin va faire la connaissance de Valeria, une jeune femme qui vit avec son père, le Docteur Yellaud. Attiré par la personnalité excentrique de cette Valeria, notre « héros » va aider celle-ci à résoudre le mystère qui entoure une série de crimes perpétrés dans La Vallée. Pour découvrir la vérité, notre gratte-papier va devoir percer le secret de ce lieu où l’imaginaire a prit le pas sur le réel.
Dans ce premier tome, Trystram et Forneri ont véritablement décidé de se lâcher en proposant une histoire intégrant des éléments totalement farfelus, que ce soit par le lieu déjà très particulier ou l’attitude totalement illogique de chacun des personnages qui, livrés à eux-mêmes et libérés de toute contrainte, font absolument tout ce qui leur passe par la tête sans se soucier de quoi que ce soit. Ajoutez à cela un décor aux détails absurdes et une histoire qui ne paraît pas avoir de logique et vous vous retrouverez dans ce monde surréaliste de La Vallée. Séduisante, absurde, mais surtout débordant d’humour, La Vallée est une Bande Dessinée qui permettra à tout un chacun de s’évader et de passer un très bon moment. (Les détails dans la bibliothèque sont hilarants) Un véritable défouloir pour ses auteurs et le lecteur.
L’histoire y est découpée en chapitres aux noms farfelus. On retrouve beaucoup de références à la BD (voir la scène qui se déroule dans la bibliothèque). Les couleurs sont superbes et très bien utilisées. On retrouve un jeu subtil entre les tons chauds et froids ainsi que des fonds rouges vifs dans certaines cases pour exprimer la colère. Le découpage des cases est également très intéressant. Celui-ci évolue selon le contexte de l’histoire, tantôt en plan américain, tantôt en spirale voire même sans case. Le trait est particulier, mais manque souvent de précision, surtout dans les plans éloignés. (voir la scène dans le bureau en page 4, où Edwin semble porter un marcel plutôt que sa chemise)
Au-delà de ces quelques imperfections, on peut dire que ce duo s’en sort bien en proposant quelque chose de totalement décalé. Le seul hic, c’est que ceci semble être le premier tome d’une série. Alors, bien entendu, les auteurs peuvent trouver mille et une histoires saugrenues pour leurs personnages. Reste à savoir si le lecteur suivra et ne se lassera pas trop vite de ce monde sans queue ni tête. Rendez-vous au second tome…