Titre : Vaincre l’injustice climatique et sociale
Autrice : Naomi Klein
Editions : Actes Sud
Date de parution : 21 avril 2021
Genre : Essai
« Ils ont quitté l’école avec entrain : des flots d’enfants et d’adolescents ont dévalé les rues pour aller envahir les grandes avenues, bientôt rejoints par d’autres flots, chantant, bavardant, vêtus de leur tenue du jour, de l’impeccable uniforme scolaire aux leggings léopard. »
Naomi Klein, comme le monde entier, a été témoin de ces mouvements de révolte portés par des jeunes engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et soudés au-delà des frontières. Ces mouvements sont la preuve que sur les bancs de l’école, une prise de conscience en faveur du climat est en train de s’opérer – et pourtant le sujet reste très absent du programme scolaire. Mais si le système éducatif est déconnecté, Naomi Klein, elle, ne l’est pas. L’auteure d’essais politiques, à qui l’on doit la Stratégie du choc, s’est donnée pour mission la rédaction d’un manuel de compréhension à destination de cette jeunesse qui nous apprend qu’il est urgent d’agir. Mais pas seulement, puisque le projet s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux adultes. Pour ce faire, elle décide de collaborer avec Rebeccas Stefoff, auteure de livres jeunesse engagés et notamment d’une adaptation d’Howard Zinn – la couleur est annoncée.
Parmi les critiques qui ont été adressées à ces adolescents en lutte, on retrouve l’éternel « C’est bien beau, mais si seulement, ils savaient pourquoi ils marchaient ». Les détracteurs du mouvement, derrière leurs bonnes intentions – n’oublions pas que le projet est avant tout un beau projet – ne cachent pas le mépris qu’ils éprouvent pour une jeunesse encore « ignorante ». Les deux auteures ne sont, quant à elles, pas de cet avis, en témoigne le sérieux avec lequel elles abordent le sujet, évitant de se montrer infantilisantes. Vaincre l’injustice climatique et sociale, malgré la typo très adolescente et la composition du texte parfois interactive, est un livre qui considère l’adolescent aussi apte à comprendre les enjeux de la situation qu’un adulte novice en la matière, les plaçant donc sur un même pied d’égalité.
Du combat de Mia Sutherland, une écolière néo-zélandaise et activiste pour le climat, Naomi Klein dira qu’il montre que la question environnementale est aussi une question de droits humains. D’ailleurs, le suffixe éco renvoie au terme écologie qui est la science des relations entre les hommes. Naomi Klein introduit son propos par l’urgence climatique, mais très vite elle montre que les dégradations infligées à la terre n’ont pas que des conséquences naturelles, mais aussi humaines. En fait, les deux aspects du problème sont indissociables et pour le prouver, Klein utilise des exemples concrets tels que la gestion de l’ouragan Katrina ou encore la situation des réserves indiennes. L’auteure que l’on connaît pour ses critiques virulentes du néolibéralisme et de la mondialisation souligne que l’homme est à la fois victime et responsable – mais à des échelles différentes et souvent inégales. Vaincre l’injustice climatique et sociale pointe du doigts mais souffle aussi un vent d’espoir, nous encourageant à réagir et nous proposant des solutions.