Le Festival OFF d’Avignon accueille chaque année plus de 1500 spectacles dans les divers théâtres permanents et surtout éphémères qui s’installent dans le centre ville entièrement consacré au spectacle. Au milieu de ces nombreux spectacles, il est toujours difficile de faire un choix et la sélection se base souvent sur divers critères moyennement objectifs : une affiche dans la rue qui intrigue, une page au hasard prise dans le programme (véritable bottin téléphonique de pièces), un flyers donné par la troupe déambulant dans la rue ou plus simplement les sujets qui nous attirent le plus. Parfois ça paye mais tout n’est pas magique à Avignon et malgré la volonté de faire les meilleurs choix, on n’évite pas les mauvaises rencontres. Avec un peu de hasard et de chance, nous avons donc vogué de théâtres en théâtres. Retrouvez dans nos pages, le compte-rendu de nos aventures.
4.48 Psychose à 12h45 au Théâtre La Luna
Cette pièce symbolise toute la dépression de Sarah Kane et elle a d’ailleurs été publié après son propre suicide rendant le texte encore plus réel. 4.48 Psychose parle d’une femme programmant l’heure de son suicide. Elle rejoue les séances de psychanalyse avec son médecin et ouvre au public son imaginaire et sa perception du monde. Aborder ce texte en spectacle est toujours difficile car si le texte est magnifique, il n’en reste pas moins difficile d’accès. L’actrice Cécile Fleury se donne à corps perdu dans ce rôle casse-gueule et tire son épingle du jeu sans pour autant sortir du lot.
Notes :
Loïc Smars : 6/10
Christophe Mitrugno : 7/10
Rosie Volt dans Yadéwatts à 15h30 au Théâtre du Cabestan
Dans un coin, un régisseur (stagiaire), Marc Zuber. Au centre, voici que nous apparaît Rosie Volt (Daphné Clouzeau), une clown chanteuse dont la maladresse sera son flambeau. Dans une chorégraphie précise, elle nous fait croire qu’elle ne maîtrise plus rien, que son trac l’empêche de nous présenter ses chants et ses histoires. C’est par des gestes dits maladroits et un trébuchement constant que son spectacle s’offre à nous. Son héros, c’est son régisseur. Il répare toutes les gaffes de la clown. C’est peut-être lui, l’artiste, le maître chanteur. Elle nous donne un cours de vocalise et de vibrations animales qui aboutissent à des chants en onomatopées. Les blagues répétitives sont voulues, mais restent trop présentes. On se demande tout le long quand est-ce que Rosie Volt commencera son spectacle. Mais finalement, est-ce la chanteuse ou la clown qui nous séduit le plus ? Si le choix est trop difficile, il reste le régisseur, stagiaire.
Notes :
Loïc Smars : 5/10
Christophe Mitrugno : 5/10
Splendiiide à 17h15 au Théâtre Cinévox
Dans notre sélection, on essaye de rester les plus pointus possible mais de temps en temps, l’envie de délirer au niveau du choix se fait sentir. Alors, pourquoi pas un remake théâtral de The Mask ? Cette histoire a un potentiel comique et visuel énorme et on peut s’attendre à une comédie certes un peu facile mais à gros budget. On aura ni l’un ni l’autre. Décors moches, des comédiens nuls ou inutiles, un personnage principal qui a beau faire trois grimaces et courir autour de la salle, il en oublie de jouer avec des expressions, des efforts d’adaptations déprimants, etc. Seule la jeune femme jouant la méchante apporte un peu de fraîcheur et d’énergie à cette bouillabaisse. On dit souvent quand on aime pas une pièce qu’elle frôle l’amateurisme ou qu’elle ressemble à une revue étudiante. Dans ce cas-ci, c’est bien pire.
Notes :
Loïc Smars : 2/10
Christophe Mitrugno : 3/10
Miss Nina Simone à 19h20 au Théâtre Barretta
La salle est embrumée, comme si nous venions d’entrer dans un souvenir flou. Le narrateur, joué par Paul Nguyen, vient se faire engager par Nina Simone comme homme à tout faire. Nous découvrons alors cette légende du jazz, cette pianiste incroyable. Jina Djemba dévoile un charisme impressionnant qui nous trouble. Est-ce la vraie Nina Simone sur scène ? Accompagnée de son musicien, Julien Vasnier, elle nous offre les plus belles chansons de son répertoire. Le récit révèle la vie torturée de cette femme qui accompagnait son quotidien de champagne et de Gin. Des rêves qui se sont transformés au fur et à mesure de sa vie, des espoirs, des rencontres et toujours un humour foudroyant pour nous les expliquer. Nina Simone est devant nous, sur cette scène. On rit avec elle. Et on voudrait même bien chanter mais ce serait gâcher le plaisir de cette voix envoûtante. Une belle histoire magnifiquement présentée et qui touchera toutes les personnes qui ont pu être touchés par les oeuvres de cette chanteuse. Nina Simone n’est pas morte, elle est à Avignon !
Notes :
Christophe Mitrugno : 9/10