De Laure Tourneur. Mise en scène de Daphné D’Heur. Avec Maroine Amimi, Cindy Besson, Étienne de Bénazé, Julie Delbart, Fabian Finkels, Zoé Gosset, Héloïse Poulet, Petra Urbànyi, Valentin Vanstechelman, Anouchka Vingtier. Et les enfants Dario Delbushaye, Andrei Costa ou Issaïah Fiszman, Ava Debroux, Martin Georges ou Daphné Savelli, Selma Jones, Laetitia Jous ou Babette Verbeek. Du 03 mars au 02 avril 2022 au Théâtre Royal du Parc.
Le Théâtre Royal du Parc nous propose de nous plonger dans la création de La Flûte enchantée, célèbre opéra composé par Mozart quelques semaines avant sa mort. L’histoire commence deux mois avant la première. Le compositeur autrichien connaît alors des jours malheureux : son dernier opéra n’a pas eu le succès escompté et les commandes se font rares. Lorsqu’Emanuel Schikaneder, son frère en maçonnerie, lui propose d’écrire un opéra aux décors grandioses et à l’histoire enchanteresse emplie d’orages spectaculaires, d’animaux terribles, de sorciers et de fées, Mozart accepte sans hésiter.
Mais alors que débutent les premières répétitions, Mozart reçoit soudainement deux nouvelles commandes, et non des moindres : une messe des morts, son célèbre Requiem, et un opéra à l’occasion du couronnement de Leopold II, roi de Bohème. S’en suit une course contre la montre pour écrire dans les temps impartis ces trois œuvres impossibles à refuser. La troupe de Schikaneder s’impatiente et panique face aux absences répétées du compositeur qui, promet-il, a déjà tout écrit… dans sa tête. Les répétitions s’enchaînent, les personnages se créent et les voix s’échauffent pour finalement arriver au soir de la première représentation, dont Mozart ne livrera les dernières notes que quelques jours auparavant.
Le Théâtre Royal du Parc nous livre avec Une Flûte enchantée un spectacle aux multiples défis. Pour reprendre les mots de Daphné D’Heur, metteuse en scène, l’objectif est « d’offrir aux spectateurs, dès le plus jeune âge, un spectacle musical, féérique et joyeux ». À cet égard, le résultat s’avère mitigé.
Un spectacle musical
Les musiques et les chants semblent parfaitement maîtrisés. Le spectateur navigue entre des extraits de La Flûte enchantée, mais également du Requiem et de La Clémence de Titus – les trois œuvres qui occupaient Mozart à l’époque. Daphné D’Heur parvient à rendre esthétique et cohérent un spectacle où jamais Maroine Amimi (Mozart) ne posera, par exemple, ses doigts sur les touches du piano, laissant ce soin à la pianiste Julie Delbart. Dans la même optique, c’est Zoé Gosset qui donne sa voix de soprano à Anouchka Vingtier (Josepha). Le parti pris est aussi audacieux qu’efficace.
Un spectacle féérique et joyeux ?
Si La Flûte enchantée de Mozart promettait aux spectateurs de l’époque émerveillement et tableaux spectaculaires, force est de constater que le spectacle du Théâtre Royal du Parc ne parvient pas, de son côté, à réellement éblouir le public. L’histoire de Laure Tourneur manque de rebondissements et semble vite tourner en rond ; la scénographie s’avère quant à elle bien trop sage.
La soirée commençait pourtant plutôt bien, grâce à un élégant jeu d’ombres chinoises. Mais les tableaux suivants s’enchaînent ensuite de manière trop lisse, sans réel relief. On regrette que les effets grandioses que prépare avec tant de cœur Couteau Suisse, le régisseur du Theater auf der Wieden , où se déroule la pièce, ne se concrétisent que trop peu souvent. C’est d’autant plus frustrant que les quelques effets proposés fonctionnent et sont joliment exécutés.
Les tableaux musicaux ne se démarquent quant à eux pas suffisamment des autres scènes, conférant au spectacle un aspect monotone. Ce manque global de rythme, de relief et de féérie aura probablement raison de la motivation des plus jeunes spectateurs, à qui l’on promettait pourtant une soirée éblouissante.
En conclusion, le Théâtre Royal du Parc nous offre avec Une Flûte enchantée une soirée de qualité, habilement portée par une équipe de musiciens, de chanteurs et de comédiens, mais de laquelle le spectateur sortira malheureusement sans doute avec un goût de trop peu.