Le concert proposé par Christophe Chassol aux Halles de Schaerbeek le vendredi 30 janvier est définit comme un voyage musical. Mais quand est-il vraiment ? Christophe Chassol est un artiste complet. Compositeur et chef d’orchestre, il est aussi l’auteur de trois albums : X-pianos, Ultrascores et Indiamore.
Ultrascore est un terme inventé par le musicien qui indique un mélange entre le « score », la partition en anglais, travaillée et puis jouée, et une toute autre forme de matière première sonore qui est celle du bruit, quel qu’il soit. N’a-t-on pas parfois la sensation de percevoir un rythme, une pulsation, dans un bruit répétitif et entêtant qui nous entoure ? C’est en tout cas le créneau d’un artiste pas dénué de talent, qui s’affaire à transformer le monde en musique.
Chassol n’en est pas à son coup d’essai. Sur le même principe, il a déjà réalisé Nola Chérie et Indiamore, dont il a tiré son album. Pour le concert joué aux Halles, Big Sun, le musicien nous livre l’histoire d’un voyage en Martinique au travers d’images et de sons qu’il a soigneusement compilés. Pluie, champ d’oiseaux, conversations, tambours… Tout devient musique. Chassol s’arrête sur une phrase, un bruit, un chant traditionnel ; il crée un rythme, une mélodie. L’inconnu devient chanteur et Chassol se met à son service.
Poussé par un synthé et accompagné d’une batterie, ce joyeux mélange de sons bruts ravive notre perception musicale. Il en jaillit une musique hors catégorie, à la fois électro et pop, ponctuée d’assauts ragga ou jazz. L’artiste fait feu de tout bois, mélange les styles pour inventer le sien qui, au final, n’appartient qu’à lui-même. Le tout servi sur fonds d’images authentiques de la vie martiniquaise. A l’instar de la musique, l’image est samplée, mixée, sur le même rythme.
Et ça fonctionne plutôt bien! L’immersion est totale et l’expérience inédite. Le subtil mélange du son, fidèle à l’image, et de l’accompagnement musical live nous plonge au coeur du voyage.
A souligner l’enthousiasme décapant de l’artiste. Sur scène, il scande les mots des intervenants ; nul doute que celui-ci se soit épris d’une passion envers ceux qui ont posés les bases de sa musique. Son concert semble être le résultat de l’amour qu’il porte à la fois aux gens et à la musique et le plaisir que prennent l’artiste et son comparse, Lawrence Clais, à la batterie, est communicatif.
Au final, on a le sentiment d’avoir assisté à un concert en bonne et due forme et on ne se sent pas lésé sur la qualité de la musique bien que l’on connaisse le caractère ordinaire et hasardeux sur lequel elle a été créée. Le seul regret : on quitte trop vite l’univers dans lequel on a plongé tout entier et l’on voudrait en entendre plus.