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    « Un Triomphe », un feel-good touchant mais trop enfermé dans ses codes

    Un Triomphe
    d’Emmanuel Courcol
    Comédie
    Avec Kad Merad, Sofiane Khammes, Pierre Lotin
    Sorti le 1er septembre 2021

    Pour son second film, Emmanuel Courcol propose avec Un Triomphe, sélectionné à l’édition 2020 du Festival de Cannes, un feel-good movie en milieu carcéral qui, s’il reste efficace, souffre d’un traitement trop classique.

    Etienne, acteur en galère, se voit proposer d’animer l’atelier théâtre d’une prison de la région lyonnaise. Après avoir formé une troupe de cinq détenus, il se lance le défi d’adapter « En Attendant Godot » de Samuel Beckett avec l’ambition de se produire en dehors de l’établissement. En dressant le parallèle entre l’absurdité de la condition des personnages de la pièce de Beckett et de celle des membres de la troupe qu’il encadre, Etienne compte leur offrir des rôles presque taillés sur mesure et une échappatoire à leur détention.

    Se concentrant quasi essentiellement sur les scènes de répétition plutôt que sur la vie en cellule, Un Triomphe permet plus rapidement de s’attacher à ce groupe de novices en quête de liberté. Et s’il a à sa tête un Kad Merad convaincant en metteur en scène pointilleux et déterminé, le film puise sa force dans la justesse de l’interprétation de ses détenus : de la fragilité d’un Pierre Lotin à fleur de peau, à la douceur mélancolique de Wabinlé Nabié, en passant par le caïd au cœur tendre joué par Sofian Khammes et la naïveté enfantine de David Ayala.

    Avec un tel sujet, il aurait été facile pour Emmanuel Courcol de tomber dans un misérabilisme qui l’aurait desservi. Heureusement, il n’en est rien et Un Triomphe refuse tout manichéisme à l’égard de ses personnages. Raison pour laquelle il ne sera quasiment jamais fait mention des raisons de leur détention, le film préférant mettre en lumière leur absence d’espoir mais également de plaider pour une ouverture plus poussée à la culture en milieu carcéral.

    Malheureusement, Un Triomphe coche un peu trop les cases du feel-good movie à la Toledano/Nakache et pèche par moment de son manque de subtilité, que ce soit dans le traitement du personnage de Marina Hands, directrice de prison caricaturale, ou dans ses quinze dernières minutes noyées dans le pathos.

    En résulte un film d’une efficacité incontestable, parfois drôle, souvent juste lorsqu’il dessine ses personnages et les failles du milieu carcéral, mais qui aurait mérité plus de réalisme et d’originalité dans son traitement pour s’imposer comme LA bonne surprise française de cette fin d’année.

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