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    Un style abordable pour des « Corps inflammables »

    Titre : Corps inflammables
    Autrice : Laura Lippman
    Editions : Actes Sud
    Collection : Actes noirs
    Date de parution : 6 novembre 2019
    Genre : roman, policier

    Belleville, Delaware. Un bled oublié comme en regorgent les États-Unis. On y trouve un café, un motel et puis plus rien. Ah si, une pancarte qui souhaite aux âmes égarées la bienvenue dans « l’un des plus beaux villages du pays ». En fait, dès les premières pages, le lecteur a compris dans quel coin paumé il mettait les pieds, ce qu’il ne sait pas c’est ce qui pousse Polly à s’y installer.

    Car Polly n’est pas juste belle – un corps élancé, une chevelure de feu et un air assuré – elle est aussi mystérieuse. Mystérieuse pour le lecteur et mystérieuse pour ce drôle d’homme qui commande un verre de vin dans un bar où l’on ne sert habituellement que de la bière. Polly sait que l’homme est intéressé mais elle doit rester concentrée, elle a un plan et l’amour n’en fait pas partie. Et puis, si elle vient d’abandonner son mari et sa fille, ce n’est pas pour s’encombrer d’un nouveau fardeau – aussi beau soit-il. Car oui, chez Laura Lippman, les héros sont attirants et ça, l’auteure ne manque jamais une occasion de le rappeler.

    Finalement se crée un lien entre Polly et le bel inconnu qui n’est pas non plus en reste quand il s’agit d’omettre la vérité. Et nous voilà, non plus avec un, mais deux personnages intrigants et une énigme à résoudre : Qu’est-ce qui peut bien pousser une femme à abandonner les siens ? Avec ce scénario, l’auteure qui a déjà gagné plusieurs prix pour ses romans policiers et ses thrillers, reste en terrain connu. Et sa maîtrise du genre se ressent tant le livre est accrocheur.

    La particularité de Corps inflammables, c’est qu’il alterne les points de vue. Quand un chapitre se penche sur le ressenti de Polly, le suivant parle au nom d’Adam. Et c’est ainsi qu’on peut découvrir l’avis de toute une galerie de personnages, rendant l’histoire moins manichéenne. Mais malheureusement, si ces changements de voix paraissent maîtrisés, l’uniformité de l’écriture n’en reste pas moins regrettable surtout dans le cadre d’un tel exercice de style. D’ailleurs, de manière générale, la plume de Lippman manque ici un peu de personnalité. Tout est droit, direct. Les mots s’enchaînent sans grâce ni mélodie. Corps inflammable est un roman bien divertissant qui parvient à harponner le lecteur mais qui manque certainement d’un peu de finesse et de profondeur.

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