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    Un jour j’irai (et ce sera bien), au Rideau jusqu’au 24 janvier

    « Le peu que je connais, je m’y accroche de toutes mes forces 
    pour que mes moments de vie ne soient plus remplis 
    de ceux qui n’y sont pas, des absents. »

    Imaginez avoir hérité d’un passé plein de trous, fait de questions sans réponse, de personnages sans visage et sans nom. Votre arbre généalogique ressemble à une énigme, vous cherchez à poser des questions pour savoir, pour comprendre, mais les histoires auxquelles vous avez accès sont incomplètes et souvent partagées à contrecœur. Imaginez, ensuite, remonter le fil de l’histoire en quête d’une partie de votre identité et que toute cette recherche donne vie à un spectacle. Un jour j’irai (et ce sera bien) est la théâtralisation d’un récit de vie poignant qui nous fait voyager dans l’espace et dans le temps, entre souvenirs et fantasmes, entre narration biographique et fiction. 

    Ce spectacle est inspiré du parcours d’une mère algérienne immigrée en France dans les années soixante et par la quête viscérale de sa fille qui essaie de reconstruire son histoire familiale au travers de ses souvenirs et de démarches plus institutionnelles. Qui étaient ses grands-parents ? Qu’ont-ils pensé quand ils ont pris leur valise et leur fille et ont traversé la mer pour arriver en France ? Comment se sont-ils sentis quand ils ont été obligés de se séparer de leur enfant ? Quelles violences et quelles discriminations a vécu sa mère ? 

    Grâce à une mise en scène dynamique et efficace et à une scénographie bien pensée on est amené dans le cœur de la thématique, spectateurs et spectatrices d’une transmission transgénérationnelle qui se dévoile sur scène. L’espace scénique habilement divisé entre passé, présent et futurs possibles accueille les projections de la protagoniste, ses découvertes et ses peurs. Tout au long de la pièce, le dialogue avec sa mère est le fil rouge de la narration : la voix enregistrée de cette femme vient ponctuer le récit et nous rappeler l’authenticité des propos du spectacle. Après la représentation, nous avons eu la possibilité d’assister à une rencontre avec les comédiens et les comédiennes qui nous ont permis d’apprécier davantage le travail documentaire à la base de leur processus de création, ainsi que la synergie incroyable entre les cinq artistes en scène. En effet, la dramaturgie du spectacle leur offre la possibilité de jouer sur plusieurs registres et on est enchanté par leur capacité d’habiter la scène. 

    Si vous aimez les récits de vie et que vous êtes sensibles aux questions de l’identité, des héritages familiaux et de la quête de ses propres origines, Un jour j’irai et ce sera bien est fait pour vous. Si vous aimez un théâtre authentique, frais, touchant et inspirant, ne ratez pas cette occasion. 

    Elisa De Angelis
    Elisa De Angelis
    Journaliste du Suricate Magazine

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