D’après le roman d’Ödön von Horváth, mis en scène par Benoît Verhaert, avec Cédric Cerbara, Laurie Degand, Gilles Masson, Benoît Verhaert. Du 14 au 30 novembre 2019 au Théâtre Varia. Crédit photo : Isabelle de Beir
Suite à la volonté de Cédric Cerbara (le fils de la pièce) de travailler ce texte, la compagnie le Théâtre de la Chute en la personne du metteur en scène Benoît Verhaert s’attaque au roman d’Ödön von Horváth : Un fils de notre temps. Ce roman s’attaque presque frontalement à la montée des populismes et surtout du national-socialisme en Allemagne, pays où il sera petit à petit interdit.
C’est l’histoire d’un jeune chômeur, comme tant d’autres à cette époque d’entre-deux guerres en Allemagne, qui s’oppose à son père devenu pacifique après la Première Guerre mondiale. Pourtant lui s’est engagé dans l’armée qui lui donnera tout ce que la société lui a refusé : une appartenance, une sécurité matérielle, une classe sociale, une cause et une figure paternelle grâce à son capitaine. Mais après la mort de son supérieur et sa blessure qui l’empêche de rester soldat, il va de nouveau se retrouver désemparé face à l’avenir et voir au fur et à mesure la vérité de la société où il vit.
Pour évoquer ce texte onirique et légèrement foutraque, Benoït Verhaert a réorganisé la trame et adapter selon l’axe qu’il voulait évoquer : le rapport au père. Mais pour autant il n’a oublié l’univers fantasmagorique et utilisent plusieurs méthodes pour le retranscrire sur scène. Les comédiens sont habillés en noir et blanc avec parfois une touche de couleurs, les voix sont parfois modifiées, les décors sont biscornus, un étrange personnage fait office de chef d’orchestre et enveloppe les scènes de musique et de sons, les acteurs portent des masques, etc. Si l’incursion dans cet univers est total et rend facile d’accès ce texte fort difficile, on ne peut éviter de ressentir la sensation que même si elles sont faites avec talent, les multiples ficelles utilisées sont parfois un peu excessives.
Malgré ce léger dérangement, on ressort impressionné par la qualité du monde dans lequel on a baigné pendant ces 75 minutes et par la portée moderne du message de von Horváth, les populismes n’ayant malheureusement toujours pas disparus à l’heure actuelle.