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    « Un divan à Tunis » : une perle

    Un divan à Tunis
    de Manele Labidi
    Comédie dramatique
    Avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïsha Ben Miled
    Sorti le 12 février 2020

    Ce film de la réalisatrice franco-tunisienne Manele Labidi est à ne pas manquer. Lumineux, profond, triste et joyeux à la fois, il nous transporte derrière la porte d’un cabinet de psychanalyse en Tunisie, sur fond d’émancipation, de choc des cultures et de relations humaines hautes en couleurs. Golshifteh Farahani, magistrale, y campe une femme touchante, forte et fragile qui veut faire œuvre utile dans une Tunisie en pleine ébullition.

    La belle actrice franco-irannienne Golshifteh Farahani se glisse ici avec brio dans la peau d’une franco-tunisienne déterminée, Selma Derwish. A l’âge de 35 ans et après avoir exercé quelques années à Paris dans une rue où elle avait de nombreux confrères, Selma décide de se rendre plus utile en ouvrant un cabinet de psychanalyse dans les faubourgs de Tunis, dans sa Tunisie natale. Son retour est chaotique, à l’image de la vieille Peugeot qu’un « ami » de son père lui refourgue, mais les clients se bousculent vite à sa porte. Au lendemain de la Révolution, tout le monde semble avoir besoin de se faire entendre. Alors que Selma commence à trouver ses marques, elle découvre qu’il lui manque un document indispensable pour continuer d’exercer…ce qui la confronte au choc de l’immigré de retour en Tunisie, notamment face a une administration tragi-comique et sans moyens.

    Un divan à Tunis est un bijou de film, peuplé de femmes fortes et de personnages tous mieux croqués les uns que les autres. Selma y incarne une femme libre et indépendante, qui ne veut compter que sur elle-même et n’aspire ni au mariage, ni a la maternité. Son retour au pays natal n’est pas sans secousse ni remise en question, de sa part comme de ceux qui la côtoient et lui reprochent parfois de les narguer avec sa double nationalité. On la suit tout au long du film avec une question au bord des lèvres : pourra t-elle trouver sa place et faire œuvre utile comme elle le souhaite ? Sa rencontre fortuite avec un policier vertueux lors d’un poétique contrôle d’alcoolémie donne une des plus belles scènes du film. Golshifteh Farahani est criante de vérité et de justesse dans ce rôle qui semble fait pour elle.

    A ses côtés, la réalisatrice fait joliment incarner à une malicieuse cousine toute l’exubérance de la jeunesse, entre quête de liberté sur fond de douce folie adolescente.  La première cliente de Selma est son éclatante coiffeuse Baya à qui tout semble réussir et pourtant…. Comme d’autres personnages dans le film, elle s’interroge ce qu’une psychanalyse peut apporter et montre initialement un certain scepticisme : « Avec moi les clientes parlent beaucoup et repartent du salon toute propres, mais avec toi elles repartent avec quoi ? »

    Le scenario bien pensé et rythmé met en scène avec humour la vie quotidienne en Tunisie. On est attendri par la vision, sans doute pas trop éloignée de la réalité, que fait porter ce film sur les rapports humains dans ce pays en pleine mutation. Les répliques cinglantes et ciselées traitent avec justesse une large palette d’émotions. Les espoirs qu’a fait naitre la révolution tunisienne ainsi que les travers du pays sont mis en avant avec un regard toujours bienveillant, mais sans complaisance notamment sur l’hypocrisie qui peut régner dans le rapport à soi et aux autres. Manele Labidi nous livre ici un beau film qui touche à l’essence de la vie et qui a su capter l’âme du moment. Il y a fort à parier qu’Un divan à Tunis deviendra culte en Tunisie.

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