De Shakespeare, mise en scène de Georges Lini, avec Anne-Pascale Clairembourg, Didier Colfs, Daphné D’Heur, Michel de Warzée, Itsik Elbaz, Thierry Janssen, Luc Van Grunderbeeck, Sarah Messens, Louise Jacob, Julien Besure
Du 14 janvier au 13 février 2016 à 20h15 au Théâtre Royal du Parc
Du 16 février au 28 février 2016 à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar
Il n’est jamais facile d’adapter Shakespeare au théâtre. C’est pourtant le défi que s’est donné Georges Lini au Théâtre Royal du Parc. Comment adapter l’auteur ? Comment l’actualiser sans le trahir ? Comment explorer ces textes qui ont déjà tellement été joués ?
Le choix du metteur en scène se porte sur une pièce rarement interprétée de Shakespeare : Un Conte d’hiver. Une œuvre parfois méconnue et complexe du tragédien qui alterne tragédie et comédie. L’histoire est celle du roi de Sicile qui devient fou de jalousie et qui finit par abandonner à une mort certaine sa fille et emprisonne sa femme. Sa femme et son fils en meurent de chagrin et seize ans plus tard, la fille abandonnée et retrouvée va tomber amoureuse du fils du roi de Bohème, qui avait auparavant attisé la haine du roi de Sicile. Une histoire qui commence comme une tragédie des plus sombres pour évoluer vers une sorte de conte de fée.
L’axe choisi par Lini pour adapter cette pièce est ambitieux. Il adapte lui-même l’histoire et les dialogues, vire des personnages inutiles et modernise sans pour autant trahir l’histoire originale. C’est cette ambition qui gâche finalement le plaisir général de cette soirée théâtrale. Si le choix de placer les comédiens de prime abord dans une cage de verre est en soi une bonne idée, c’est techniquement un échec. Les acteurs n’arrivent pas directement à s’affranchir de la contrainte acoustique du procédé et on les entend très peu. On finit par espérer que toutes les scènes se jouent hors de ce carcan. Les costumes sont aussi souvent ridicules (vestes à paillettes, etc.), les scènes parfois gratuitement trashs (un accouchement sanglant, une orgie, etc.) et l’enchaînement complexe des actes et des scènes n’est pas toujours très clair (il est d’ailleurs conseillé de bien lire le résumé de la pièce avant la représentation).
Bien sûr, tout n’est pas à jeter et la pièce regorge de qualités ! Les acteurs sont époustouflants, Itsik Elbaz en tête, en tyran fou qui suit à la perfection la ligne de conduite de son rôle, tour à tour fou, lucide, bouffon, amoureux ou haineux. L’autre travail impeccable est réalisé par Sébastien Fernandez et son traitement de la vidéo de fond, servant de décor d’ambiance. L’écran est éclairé de magnifiques images qui immergent le spectateur dans l’histoire. De plus, quelques moments de pures folies sont hilarants et quelques chansons ou tableaux dramatiques font hérisser le poil du public.
Un Conte d’hiver au Parc a divisé une partie du public comme une partie de la critique. Entre ceux qui trouvent l’ambition de Lini louable et ceux qui trouvent qu’il a raté le coche. Entre ceux qui quittèrent la salle à l’entracte et ceux qui se levèrent pour une standing ovation finale. Nous nous positionnerons un peu entre les deux : le traitement est parfois autant décevant que sublime.