De Philippe Blasband, mise en scène de Philippe Blasband avec Charlie Dupont et Tania Garbarski
Du 5 septembre au 21 octobre 2017 au Théâtre Le Public – Crédit photo : Marianne Grimont
Reprise d’un succès public de la saison précédente du théâtre, Tuyauterie permet au couple à la vie Dupont-Garbarski de se retrouver une fois de plus sur scène, sur un texte et une mise en scène de Philippe Blasband autour des fantasmes véhiculés par les films pornographiques et leur confrontation à la vie quotidienne.
La pièce démarre sur un précepte répandu, point de départ de quantités de films pour adultes : le plombier vient faire une réparation et la femme de la maison, en petite tenue, lui propose de lui payer un acompte « en nature ». Mais là où la machine déraille – et où l’idée de théâtre se met en route –, c’est que, au lieu d’accepter tout de go, l’ouvrier se met à demander « pourquoi » à la dame. Pourquoi lui ? Pourquoi un plombier ? Pourquoi ce fantasme ?
Le texte de Philippe Blasband ne fait donc qu’étirer quelque chose qui pourrait être plié en deux temps trois mouvements et joue sur ce côté pervers de l’étirement. Au départ, le personnage du plombier semble jouer avec les nerfs de la femme en lui demandant des explications là où elle ne recherche que du plaisir instinctif. Puis l’interaction entre les deux fait que le dialogue s’installe et que l’échéance soit constamment reculée voire éliminée.
La pièce est de courte durée (1h) et celle-ci est pleinement justifiée, la relative minceur de son idée de base ne lui permettant pas de tenir sur la longueur. On sent d’ailleurs poindre l’essoufflement au détour de dialogues parfois répétitifs, mais l’abattage des deux comédiens finit par dissimuler les quelques faiblesses du texte, lequel n’a d’ailleurs été conçu que pour les mettre en valeur.
La maigreur du propos, l’absence de véritables rebondissements – on n’est pas vraiment dans un vaudeville – et le minimalisme de la scénographie laissent libre cours au jeu tour à tour comique et mélancolique des deux acteurs. Peu importe que le rôle de Tania Garbarki reste finalement assez stéréotypé – la bourgeoise divorcée en mal de sensations fortes – ou que les répliques de Charlie Dupont ne soient pas égalitairement hilarantes, c’est l’incarnation qu’ils leur donnent qui les rend touchants et drôles. C’est le but premier de la pièce de montrer un couple d’acteurs dans l’exercice de leur métier et de leur rendre justice.