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    Trumbo, un hymne à la liberté

    trumbo poster

    Trumbo

    de Jay Roach

    Biopic, Drame

    Avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren

    Sorti le 27 avril 2016

    Dans le Hollywood des années 1940 et 1950, en pleine Guerre Froide, mieux vaut ne pas s’éloigner de l’idéologie capitaliste américaine. Refusant d’aller à l’encontre de ses convictions, Dalton Trumbo, le scénariste le plus célèbre de l’époque, lutte pour sa liberté de penser. Accusé de propagande communiste, il passe presque un an en prison. À sa sortie, toujours fiché sur la Liste Noire, plus personne ne veut l’engager. Il doit donc renoncer à sa gloire passée et user de stratagèmes pour continuer à vivre de sa passion et tenter de réhabiliter son nom.

    Bien que le scénario n’égale pas ceux du talentueux Trumbo, la dernière réalisation de Jay Roach (Austin Powers, Mon beau-père et moi) nous relate avec un humour délicieusement incisif l’histoire vraie de cet artiste injustement condamné. Le film souffre par moments d’une cadence un peu molle que les séquences d’écriture frénétique sur fond de jazz entraînant ne parviennent pas toujours à compenser. Le spectateur reste néanmoins captivé grâce à l’intérêt du récit et au piquant des dialogues.

    Le traitement des personnages est l’un des ingrédients principaux de la réussite de ce biopic. Dans le rôle du protagoniste, Bryan Cranston (Breaking Bad) mérite amplement sa nomination aux Oscars en nous livrant une performance percutante tout en énergie et en finesse. L’esprit et la force de caractère du personnage, défendant ses opinions avec ardeur et intelligence, sont parfaitement endossés par l’acteur. Louis C. K. est tout aussi excellent dans la peau de l’écrivain Arlen Hird, également accusé de communisme. On ne peut s’empêcher de s’indigner contre l’immense injustice dont ils ont été victimes dans un monde où tout semblait respirer la liberté. En réalité, l’étroitesse d’esprit y dominait. Helen Mirren est admirablement détestable dans le rôle de Hedda Hopper, une actrice devenue chroniqueuse de ragots prenant un malin plaisir à détruire la carrière de ceux qui la gênent. Le casting est brillant jusque dans ses moindres seconds rôles, et c’est avec amusement que l’on découvre les interprètes de John Wayne, Kirk Douglas et Otto Preminger.

    La grande force du film réside sans aucun doute dans son histoire, portée par des acteurs de premier choix se glissant avec brio dans la peau de ces grands écrivains hollywoodiens, exclus du système pour avoir défendu leurs idéaux. L’écho de ce combat pour la liberté d’expression résonne encore aujourd’hui, ce qui ne fait que renforcer l’impact du film.

    Julie Vermandele
    Julie Vermandele
    Journaliste du Suricate Magazine

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