d’Albert Maizel
Mise en scène : Alexis Goslain avec Catherine Decrolier, Thomas Demarez, Bruno Georis, Pierre Pigeolet et Martine Willequet
Du 13 mars au 12 avril 2014 au Théâtre de la Toison d’Or (TTO)
Au TTO, on enchaîne, chaque saison, des créations originales et des reprises des grands succès. Cette année, la création de 2014 se nomme Trotsky Business. Mais que peut bien raconter une pièce de théâtre au nom si rocambolesque et si paradoxal ?
Dans une école de commerce belge réputée, se trouvent Hervé, Jacques et sa fille. Ils sont tous liés à une femme : Caroline qui a disparu, il y a trente ans, pour continuer le combat communiste à travers le monde. Car oui, Hervé, Jacques et Caroline étaient le trio infernal de la pensée trotskiste de la région : sexe, coups d’éclat, mini-révolutions, etc.
De nos jours, ils ont bien changé. Hervé est devenu directeur de l’école, loin de ses pensées de jeunesse. Jacques est professeur de philosophie au même endroit. Mais il commence à avoir honte de ce qu’il est devenu. Hervé, ambitieux et mégalomane, veut que son école brille de mille feux et cherche à se faire réélire. Il demande à Jacques de réinterroger un étudiant prometteur et de tout faire pour qu’il réussisse. Jacques accepte, à condition de pouvoir ne plus enseigner l’année suivante.
Hervé, manipulateur, n’a bien sûr pas tout dit à Jacques ! L’élève, fils d’un puissant oligarque russe, servirait à assouvir le rêve d’Hervé : fusionner son école avec la prestigieuse Harvard et devenir, ainsi, l’homme le plus puissant dans l’enseignement du commerce.
Bien sûr, tout va devenir bien plus difficile quand leur passé va ressurgir. La fille de Jacques les fait chanter, pour pouvoir finaliser sa thèse de doctorat sur la révolution communiste en Belgique, et leur faire avouer qui était le cerveau de leur organisation. Au même moment, la troisième revient après 30 ans d’absence … Ce ne sont pas les circonstances idéales pour réussir diverses machinations capitalistes.
Au vu de l’histoire, originale et conséquente, la première étape est de digérer l’histoire. Elle a le mérite de sortir du lot, mais elle trouve ses limites dans les différentes longueurs déployées tout au long de la pièce. Le plus ennuyant étant les séquences filmées. Utilisées pour palier aux impossibilités de la scène, elle sont finalement assez décevantes.
Les scènes qui sont par contre magistrales, sont les joutes verbales, très dynamiques et drôles. Surtout grâce à Thomas Demarez (qui joue le jeune élève) qui est capable avec un jeu et des mouvements d’une simplicité désarmante (la chute d’une mallette, etc.) de captiver tout le public et de donner un peu de modération au jeu parfois trop surjoué de Pierre Pigeolet (Jacques).
Bruno Georis (Hervé) et Catherine Decrolier (la fille) jouent très juste, tandis que Martine Willequet (Caroline) livre une interprétation assez mystérieuse. Elle est ailleurs, joue une femme hallucinée, en dehors du temps présent. Mais ce qui pourrait être une erreur dans le jeu, pourrait tout aussi bien être une interprétation brillamment réussie d’une femme, fatiguée d’avoir lutté toute sa vie pour des idéaux finalement bien futiles.
Au final, Trotsky Business pêche par ses nombreuses longueurs, son histoire abracadabrante et foutraque, ou encore par ses séquences filmées usantes. Pourtant, on ne peut pas blâmer des artistes qui tentent de faire original ! Surtout quand le résultat est tout de même fort drôle et permet de mettre en avant un acteur de talent.