Ni dieux, ni maîtres mais du rouge, de et avec Eric Boschman, du 07/06/17 au 30/06/17 au théâtre Le Public.
Imaginez… Imaginez qu’au moment d’engloutir votre verre à peine servi à l’annonce de l’ouverture imminente de la salle de spectacle, la dégustation ne fasse que commencer… Imaginez que de spectateur, vous soyez devenu hôte et qu’un serveur n’ait de cesse de remplir votre verre de bons vins… Imaginez que votre tablée s’élargisse aux personnes présentes autour de vous et qu’un invité d’honneur se soit mis en tête de vous en apprendre un peu plus sur ces vins et sur la bonne façon de les déguster…
Dès lors que vous avez ces images en tête, vous pouvez vous figurer l’ambiance qui règne en ce moment au spectacle d’Eric Boschman qui se joue chaque soir jusqu’au 30 juin dans la petite salle du théâtre Le Public à Saint-Josse.
Le concept : une dégustation de vin collective autour d’un one man show. La recette : une petite salle, à taille humaine, un éclairage ambiant suffisant à se voir tous, et quelques bons vins, triés sur le volet.
Eric Boschman prodigue ses conseils en matière de dégustation et dévoile quelques bons mots à utiliser pour la circonstance. Il nous fait voyager dans les endroits de ce monde où l’on fait du bon vin, évoque quelques-uns de ses souvenirs familiaux, explicite quelques termes vinicoles ou encore quelques procédés de fabrication… Il nous confronte aussi, en tant que belge, à notre consommation de vin, et plus généralement d’alcool. Le tout raconté sur fond d’humour et de dérision et organisé autour d’un fil rouge tissé par l’histoire du vin.
Plus la soirée s’étend et plus le public se détend. Il rit plus fort et les verres se remplissent davantage, en raison sans doute de sa préférence marquée envers les volontaires les plus généreux à servir le vin.
Malgré la concentration qui s’effiloche, il y a lieu de s’accrocher car l’homme est en forme : il parle vite, beaucoup, et son propos est très référencé. Les sensibilités religieuses et politiques, quelque soit la couleur, se trouvent quelques peu émoussées. Eric Boschman semble prendre un malin plaisir à faire jaser et à dire ce que l’on ne dit pas, sauf peut-être… avec un verre dans le nez !
Sans doute s’agit-il d’une déformation professionnelle car Eric Boschman a de la bouteille : il a fait ses armes à l’école hôtelière de Namur, est sacré meilleur sommelier de Belgique en 1988 et se pose en référence dans les ouvrages consacrés au vin. Fouler les planches d’un théâtre et trinquer directement avec son public semble être une suite logique pour celui qui s’est imposé depuis plusieurs années en tant que personnalité publique dans les médias.
Outre sa prestation, on apprécie la sensation de toucher un peu du doigt ce qu’à toujours été le théâtre avant le 20ème siècle, avant que l’on ait trouvé poli d’asseoir les gens dans le silence et dans le noir… à savoir un lieu d’échange et de rencontre.
Dès lors, amateurs de théâtre et de bon vin, ce « wine man show » vous est chaudement recommandé. Si vous ne reprenez pas la voiture après le spectacle, le seul risque que vous encourez est celui de n’avoir qu’un souvenir fumeux de la fin de soirée.