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    Trahisons ou le jeu à côté du personnage

    De Harold Pinter, mise en scène de tg STAN avec Robby Cleiren, Jolente De Keermaeker et Frank Vercruyssen (tg STAN)
    Le 2 et 4 février 2016 à 20h30, le 3 février 2016 à 19h au Théâtre les Tanneurs

    Pièce écrite par Harold Pinter en 1978, l’auteur anglais qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2005, Trahisons (Btrayal) relate l’histoire d’un triangle amoureux classique. Emma (Jolente de Keersmaeker), a trompé son mari, Robert (Frank Vercruyssen), pendant sept ans avec Jerry (Robby Cleiren), son meilleur ami.

    La pièce de Pinter commence par la fin du récit, avec une scène supposée se dérouler le midi d’une journée de printemps en 1977 dans un bar. Emma retrouve Jerry, deux ans après la rupture de leur liaison amoureuse, et lui raconte que son mari l’avait trompée comme eux-mêmes l’avaient fait. À l’exception de quelques scènes qui succèdent aux antérieures dans l’ordre chronologique de la narration, Trahisons continue à retourner temporellement en arrière jusqu’au début de la relation d’Emma et de Jerry en 1968. Cette structure à l’inverse augmente l’implication du spectateur qui connaît dès lors les tromperies des personnages depuis les premières scènes et devient alors capable de lire entre les lignes mensongères des scènes suivantes.

    La mise en scène de tg STAN, comme d’habitude, brise l’illusion théâtrale. Changeant de costume sur scène, préparant le décor devant les spectateurs, etc. : tout leur dispositif se déroule d’un naturel fluide, loin de tout artifice. Les acteurs ne deviennent pas leurs personnages, mais jouent minutieusement à côté de leur personnage, gardant ainsi toujours apparente une partie de leur propre être.

    Ce jeu à côté du personnage fait ressortir du texte d’autres émotions que celles censées en surgir au premier degré. En parlant des futilités de la vie, les personnages se disent autre chose. La première scène résume parfaitement le magnifique potentiel de ses acteurs. Avec un « Comment vas-tu ? », « Très bien », et quelques silences vertigineux qui racontent plus que le texte, ils parviennent à communiquer sept ans de relation, de désir, de problèmes, d’amour et enfin la douleur de la séparation.

    Patrick Tass
    Patrick Tass
    Journaliste du Suricate Magazine

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