Titre : Toutes les histoires d’amour ont été racontées, sauf une
Auteur : Tonino Benacquista
Editions : Folio
Date de parution : 3 juin 2021
Genre : Roman
Avec Toutes les histoires d’amour ont été racontées, sauf une, l’écrivain et scénariste français Tonino Benacquista brouille la frontière entre réalité et fiction et présente celle-ci comme la seule chose capable de réparer le réel.
Léo a disparu. Où est-il ? Est-il toujours vivant ? Est-il parti à l’étranger ? A-t-il été kidnappé ? S’est-il suicidé ? Que fuit-il ? Ses amis s’interrogent sans trouver de réponse à toutes ces questions. Léo n’est pourtant pas très loin. Si proche et à la fois si éloigné, il s’est réfugié dans un autre monde pour tenter de répondre à ses doutes et panser les blessures que la vie lui a infligées. Dans une pièce sombre où seule la télévision sert de décor, Léo vit au rythme de sa « cabine de téléportation », son « imaginarium », son « laboratoire de l’imaginaire », où la réalité se mélange peu à peu à la fiction jusqu’à ne faire plus qu’une. Plongé dans ses séries télévisées, Léo s’invite dans des mondes parallèles peuplés d’inconnus dont les mésaventures ont le mérite de lui faire oublier les siennes.
« Parfois la stupeur est telle que l’écran, comme une gigantesque bouche de lumière, l’aspire entièrement. Le voilà mêlé à tout un peuple hologramme. Il est des leurs. »
Toutes les histoires d’amour ont été racontées, sauf une est un court roman facile à lire mais peu prenant. Le thème de la fiction est présent tout au long de l’ouvrage et les questions soulevées sont intéressantes et bien abordées. L’histoire pousse à réfléchir sur les liens entre fiction et réalité. L’idée principale qui ressort de cette réflexion est que le réel n’est pas suffisant et que chacun tente à sa manière d’y échapper, mais que la fiction existe aussi « pour nous rappeler que la vie est plus précieuse que la fiction ».
Pour aborder ce thème, la narration tourne principalement autour des intrigues des séries que Léo regarde. En quelque sorte, le lecteur regarde la télévision à travers le personnage principal. On se retrouve donc dans une sorte de labyrinthe fictionnel parfois compliqué à suivre et, comme Léo, on finit par avoir du mal à discerner la fiction du réel. De nombreuses histoires sont racontées, parfois courtes, parfois plus longues, mais peu sont réellement développées et le lecteur a donc peu le temps de s’y investir et finit par s’ennuyer.
Si l’idée d’aborder la frontière – parfois trop fine – entre réalité et fiction est prometteuse, l’exécution laisse légèrement sur sa faim. L’intrigue repose presque entièrement sur la description des séries regardées par le protagoniste sans aller vraiment plus loin. L’histoire manque donc de profondeur et de matière pour accrocher les lecteurs. Heureusement, le style d’écriture est agréable, ce qui facilite une lecture déjà alourdie par l’intrigue ennuyeuse et inconsistante. La narration aurait sans doute gagné un peu en intérêt si elle avait suivi, parallèlement à la vie d’ermite de Léo, celles des autres personnages mentionnés dans le roman. À la place, le roman offre des personnages peu aboutis et inintéressants. Le plus gros regret est sans doute le manque de profondeur du profil psychologique de Léo, qui pourtant laissait place à de nombreuses possibilités.