A peine trois semaines après le décès de notre célébrissime TOOTS avait lieu, du 9 au 11 septembre, à La Hulpe, le festival de jazz portant son nom.
On aurait pu croire que l’événement serait amer mais il n’en fut rien grâce à une très bonne organisation et une programmation magnifique digne de l’esprit de notre harmoniciste.
La plupart des musiciens mais aussi des intervenants ont contribué à ce que son âme soit également présente au travers d’hommages et de reprises.
Dès le vendredi soir, la scène principale se situant sous le grand chapiteau (qui ne désemplira pas durant les trois jours) accueillait deux concerts sold out.
Le premier était celui de la jolie Typh Barrow qui fut épatante en prouvant qu’elle peut tout interpréter.
Avec sa voix tantôt rauque, forte ou sensuelle, la chanteuse-pianiste a présenté un répertoire partagé entre covers et compositions personnelles. De la grande classe pour cette jeune femme sympathique, communicative et visiblement très émue par l’enthousiasme du public.
Le second concert était celui de Monsieur Michel Jonasz entouré de deux fidèles amis et grands musiciens (Jean-Yves D’ Angelo aux claviers, Manu Katché à la batterie) ainsi que du talentueux contrebassiste Jérôme Regard.
Ce quartet qui a vu le jour en juin 2015 était une exclusivité car il s’agissait de leur première prestation en Belgique et autant dire que le show fut un vrai régal.
Pendant près de deux heures et plusieurs rappels, le chanteur et ses musiciens ont conquis le chapiteau par leur bonne humeur, leur humour, leur talent et la présentation d’un véritable « best of ».
Cette même scène était le lieu de trois concerts le samedi et c’est le brillant pianiste Jérémy Dumont qui entamait la soirée.
Deuxième participation pour lui en tant que leader qui, avec son contrebassiste Victor Foulon et son batteur Fabio Zamagni, accueillait en guest le merveilleux saxophoniste Fabrice Alleman.
Le trio composé de jeunes musiciens et l’expérience du « vétéran » du groupe ont fait merveille et la cohésion entre eux était aussi bien savoureuse qu’apparente.
Suivi ensuite le concert de la splendide chanteuse américaine Denise King accompagnée par le trio imparable du pianiste Ivan Paduart (Sal La Rocca à la contrebasse et Hans van Oosterhout à la batterie).
Au trio est venu se joindre, en invité, le trompettiste Greg Houben. Tout ce beau monde étant très en forme, Denise King, très joviale, déclina un concert où le swing et le groove étaient constamment de mise.
Le clou de la soirée était bien évidemment le trio de choc composé du guitariste Philip Catherine, de l’accordéoniste Richard Galliano et du violoniste Didier Lockwood.
Les trois virtuoses nous ont régalés pour ce concert qui était également une première belge. Entre leurs morceaux à deux instruments ou les trois réunis, chacun ira de ses petits solos qui, à chaque fois, sont de véritables pépites.
Leur hommage à Toots en interprétant Bluesette en fin de prestation était chargé en émotions pour tous, eux compris, et fut une perle de plus.
La journée du dimanche est originale car elle débute par un brunch jazz.
Ici aussi, belle surprise que ce premier concert donné par l’Ensemble Alizé qui est un orchestre de septante musiciens issus de l’académie de Rixensart.
Début d’après-midi, Bruno Castellucci en quintet faisait un très bel hommage au batteur américain Shelly Manne et aux compositions de John Williams. Notre merveilleux batteur qui fête cette année ses 50 ans de carrière (dont plus de 40 avec Toots) eut aussi la bonne idée de reprendre le morceau Killer Joe en mémoire de son ami.
Milieu d’après-midi, BJ Scott présenta son concept Satin Dolls dans lequel elle, sa protégée Carmen et même Typh Barrow de retour interprèteront ensemble ou chacune à leur tour des chansons de Billie Holiday, Nina Simone ou encore DinahWashington.
Indépendamment de la scène principale se tenait sur l’esplanade un plus petit chapiteau dont l’entrée était libre et qui accueillait une scène jeunes talents. Ceux-ci jouaient en alternance avec les concerts principaux et ici aussi, la qualité et la diversité étaient au rendez-vous.
Sans pouvoir tous les citer, je retiendrai une véritable performance; celle du trio de Manu Hermia. En effet, le saxophoniste était venu présenter son projet très original et ludique « Jazz For Kids ». Comme son nom l’indique, ce projet (dont le disque porte le même nom) initie les enfants et parents au jazz et à l’improvisation à partir de thèmes et comptines connus d’eux (Au clair de la lune, Une souris verte, Meunier, tu dors, Frère Jacques, Alouette). Manu Hermia était accompagné de Pascal Mohy (piano) et Sam Gertsmans (contrebasse) pour animer un véritable spectacle pour tous qui, en plus d’être interactif, avait eu le bon goût d’être programmé le samedi après-midi.
Vous l’aurez compris, cette seconde édition du TOOTS Jazz Festival fut une véritable réussite à tous les niveaux et a confirmé tout le bien qu’on pensait de la première. Si ce festival a lieu tous les deux ans(ce qui n’est pas plus mal), une chose est certaine: c’est qu’il est devenu un rendez-vous incontournable pour les amateurs; grands connaisseurs ou pas.
Il est également à souligner l’accueil chaleureux, l’ambiance conviviale et le dévouement des bénévoles.
Bravo!
Photos : Bernard Rie