Scénario : Sandrine Revel
Dessin : Sandrine Revel
Editeur : Dargaud
Sortie : 23 août 2019
Genre : Documentaire, Biographie
Mystérieux. En voilà un adjectif qui sied à Tom Thomson. Tant son œuvre prolifique et sa notoriété soudaine que sa mort restée non-élucidée soulèvent encore aujourd’hui de nombreuses questions. Nous sommes au début du XXème siècle lorsque Thomson décide de tout abandonner, y compris son boulot de publicitaire et la sécurité d’une existence bien rangée, pour s’offrir une nouvelle vie reposant sur des principes d’autarcie et de communion avec la nature. C’est parce que, éloigné des hommes, le peintre renoue avec ce qu’il y a de plus élémentaire qu’il a su représenter la beauté des paysages canadiens, primitive et sincère, comme jamais personne ne l’avait fait et ne le fera jamais. Mais ses pérégrinations n’auront pas duré bien longtemps car un sombre jour de 1917, on pleure la mort de celui qui, rendant hommage à l’élégance du Canada, est devenu plus tard un symbole national.
Raconter Tom Thomson, un nouveau challenge pour Sandrine Revel à qui l’ont doit déjà une biographie illustrée de Glenn Gould. Et cette fois, la bédéiste fait les choses à l’envers, en choisissant un angle bien particulier : la mort de l’artiste. L’histoire commence en 1956 alors qu’un groupe d’individus décident de retrouver le corps de Thomson pour comprendre un peu mieux pourquoi l’homme aurait pu être assassiné. En parallèle de ce projet grotesque, se déploie la vie de Thomson – en commençant par la mort et en avançant à reculons jusqu’à ses débuts.
C’est toujours un défi pour un artiste que de dédier son œuvre à celle d’un autre. Il faut se réapproprier le travail du peintre en l’occurrence, tout en restant assez à distance que pour y apporter une touche personnelle. L’aspect que semble vouloir développer l’auteure, et à juste titre, est celui qui concerne l’amour et la représentation de la nature dans l’œuvre. Ainsi Revel s’efforce de travailler au mieux les paysages dans lesquels l’action se déroule. Il n’est pas rare de trouver, tels de petits tableaux qui parsèment le livre, des vues d’ensemble de lacs ou encore de montagnes qui rajoutent du cachet à l’histoire et accentuent la beauté du livre.
Car si il y a bien une chose qu’il faut reconnaître, c’est que Tom Thomson esquisse du printemps est un réel plaisir pour les yeux. En fait, Sandrine Revel nous prouve que dans le domaine artistique, la progression est constante. En perfectionnant sa technique initiale, elle parvient à traduire la calme brumeux qui sévit dans les grandes étendues canadienne. Son dessin – doux, sensible, voire poétique – est plein de texture qui ne sont pas sans rappeler celles de la gravure mais qu’elle obtient pourtant en retouchant ses peintures. Il y a une véritable maîtrise graphique qui s’impose au lecteur pour son plus grand plaisir. On retrouve aussi certains partis pris qui rendent la lecture plus fluide tels que la symétrie de la tabulation ou encore le jeu sur les couleurs et les noirs et blancs. En bref, en plus d’être une bande dessinée réussie, dont la clarté de la narration rend la lecture agréable, Tom Thomson esquisse du printemps est un objet magnifique qui embellira votre bibliothèque.