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    « Tom et Jerry », qui veut la peau du spectateur ?

    Tom et Jerry
    de Tim Story
    Comédie, Animation
    Avec Chloë Grace Moretz, Michael Peña, Colin Jost
    Sorti le 9 juin 2021

    Tom et Jerry débarquent de leur campagne pour atterrir à New York. En se réfugiant dans un hôtel luxueux de Manhattan, Jerry risque de chambouler l’organisation d’un somptueux mariage à venir. Kayla, une jeune employée fraîchement engagée, va avoir pour mission de déloger la souris. Pour ce faire, elle va faire appel à son ennemi historique : le chat Tom.

    Vingt-neuf ans après la sortie du premier long métrage consacré à Tom et Jerry, les studios Warner ont décidé de réitérer l’expérience. Doté de moyens techniques plus sophistiqués et d’un budget confortable, Tim Story avait en effet toutes les cartes en main pour dépoussiérer la création de feus William Hanna et Joseph Barbera. Mais si le rendu visuel est appréciable, on ne peut pas en dire autant du scénario, qui se contente d’intégrer l’animation dans les prises de vues réelles en oubliant de nous servir une belle histoire.

    Même si ce Tom et Jerry n’était pas attendu par le public, l’annonce de sa sortie avait tout de même titillé la curiosité de bon nombre de spectateurs. En effet, dans nos contrées occidentales et même ailleurs dans le monde, qui n’a jamais aperçu un épisode de la saga Tom & Jerry ? Créée en 1940 par les précités Hanna et Barbera, la série de courts métrages de comédie slapstick a traversé toutes les générations, sans exception, en s’accordant une cure de jouvence à chaque décennie. L’intérêt pour ce long métrage était donc double, à la fois dans sa manière de revisiter l’histoire mais aussi dans sa conception.

    D’une part, l’idée de placer Tom et Jerry dans le New York actuel, le riche et le touristique, n’est pas déplaisant. De même que d’en faire des personnages animés évoluant dans un environnement réel à l’instar des Schtroumpfs dans un passé pas si lointain. Mais passé ce ravalement de façade, il faut bien avouer que le film se perd dans ses travers, à savoir s’axer sur les courses poursuites – avec un certain succès – de nos deux protagonistes en délaissant les acteurs, visiblement bien seuls face à leur fond vert. Ceux-ci cabotinent à tout-va, s’échangent des grimaces de mauvais film de Noël et engluent leurs personnages dans un cliché patent et constant.

    Quitte à jouer la surenchère, n’aurions-nous dès lors pas aimé voir Tom et Jerry sous un angle totalement nouveau ? La question est posée mais quoi qu’il en soit, nous aurions préféré que le réalisateur joue au chat et à la souris avec le spectateur, plutôt que de l’obliger à assister au mariage de la carpe et du lapin où chacun court comme une poule sans tête.

    En résumé, ce Tom et Jerry new-yorkais tombe au meilleur moment, à savoir celui de la réouverture post-covid des salles obscures. De quoi égayer les (très) jeunes cinéphiles en manque de toiles, qui seront plus indulgents qu’à l’accoutumée. Les autres passeront probablement leur tour.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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