De Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola
Avec Muriel Legrand, Sophie Leso, Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola
Du 11 mars au 22 mars 2025
Au Théâtre Les Tanneurs
Du 2 avril au 3 avril 2025
Au Palais des Beaux-Arts de Charleroi
Du 23 avril au 24 avril 2025
Au Centre culturel de Huy
Du 4 au 8 novembre 2025
Au Théâtre Les Tanneurs
Le théâtre visuel de la Cie Still Life prend ses quartiers en plein cœur d’une forêt menacée d’extinction pour explorer le rapport de l’homme à la nature. Quatre tableaux avec de vraies chutes d’arbres dedans.
La scène n’est qu’une faste forêt, dense, sombre, où résonnent des bruits d’oiseaux. Un homme et deux femmes qui portent ce qui ressemble à un uniforme de garde forestier s’affairent autour d’une cage cubique. L’homme filme tandis que l’une des femmes juchée sur la cage ouvre la grille. Ils tentent d’en faire sortir l’occupant. Manifestement l’orang-outan a perdu tout lien avec la nature depuis longtemps et celle-ci l’effraye plus qu’elle ne l’attire.
Troisième jour de stage de reconnexion à la nature. Les participants sont invités, sommés, de déposer dans un sac tout ce qui les attache à la « civilisation » : GSM, tablettes, médicaments, bonbons, herbe, … « Mère nature prend soin de vous » mais eux ne prennent pas soin d’elle.
Un couple amoureux installe un auvent dans un décor forestier bucolique. Amour et nature, l’un et l’autre partagent ce moment idyllique avec le reste du monde, via leur smartphone. Et les likes pleuvent, comme les oiseaux morts. La nature reprend la main.
Après une scène d’apocalypse qui semble effacer les limites physiques de la scène, un survivant tire une boîte de ses affaires. Il en sort la dépouille d’un animal qu’il serre dans ses bras. Il la replace dans la boîte et s’affaire à l’enterrer au sommet d’une bute sur laquelle se trouve le dernier arbre de la forêt. Mais la nature ne l’entend pas de cette oreille.
Timber (à ne pas confondre avec une certaine application de rencontres) est le cri d’alerte des bûcherons avant la chute d’un arbre. Pour Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola, ce cri annonce que quelque chose d’important, et de dangereux, est sur le point de se produire. La planète va mal et l’habitabilité de notre monde est menacée. Entendez la place de l’homme dans la nature est menacée. Le jour où l’humanité disparaîtra, la nature continuera (normalement) à exister. Mettant en avant les comportements individuels et collectifs des êtres humains dans un monde chaotique, « Timber » souligne la nécessité d’une certaine humilité pour qu’ils puissent retrouver leur place dans le cycle du vivant.
Quatre tableaux, quatre endroits de la forêt, avec des personnages qui ne prononcent aucune parole, mais toujours avec une touche d’humour. Devenue en quelque sorte la marque de fabrique de la Cie Still Life, cette « amputation du langage » entend amener le spectateur non seulement à voir mais surtout à éprouver par lui-même des sensations, des pulsions, des interprétations. Et une nouvelle fois, la formule fait mouche tant l’absence de texte (hormis parfois une voix off) donne toute sa puissance au visuel sans négliger le propos. A voir.