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    The World of Bruegel in Black and White : un nouveau regard sur l’art de la gravure au XVIe siècle

    Affiche de l'exposition "The World of Bruegel in Black and White" (KBR, 2019)

    Parmi les nombreuses expositions organisées en Belgique à l’occasion du 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien, l’exposition de KBR The World of Bruegel in Black and White vaut sans conteste le détour. Elle offre une plongée inédite dans l’art de la gravure au XVIe siècle, mais aussi dans l’univers d’un artiste original dont l’œuvre continue de fasciner.

    La Bibliothèque royale de Belgique, désormais dénommée KBR en français comme en néerlandais, a entrepris ces dernières années un effort considérable de modernisation et de repositionnement. En attendant l’ouverture d’un tout nouveau musée sur la Librairie des Ducs de Bourgogne en 2020, elle lance sa première grande exposition dans ses locaux réaménagés : The World of Bruegel in Black and White.

    Loin d’être une répétition de l’exposition L’Estampe au temps de Bruegel présentée à BOZAR Bruxelles de février à juin 2019, cette nouvelle exposition la complète en s’intéressant plus spécifiquement aux gravures de Bruegel et aux procédés utilisés pour les réaliser.

    La gravure, un art collectif

    En effet, le peintre ne réalise pas lui-même les gravures. Il transmet son modèle de dessin à un graveur, qui le reproduit scrupuleusement, tandis que l’imprimeur se charge de la diffusion. C’est ce travail collectif qui est mis en avant dans les premières salles de l’exposition. Seule exception : un exemplaire de La chasse au lapin, réalisé à l’eau forte par Bruegel lui-même en 1560, avant d’être peaufiné au burin.

    Hieronymus Cock d’après Pieter Bruegel l'Ancien, La chasse au lapin, 1560 © KBR
    Hieronymus Cock d’après Pieter Bruegel l’Ancien, La chasse au lapin, 1560 © KBR

    Dans le cas de Bruegel, l’imprimeur anversois Hieronymus Cock et sa femme Volcxken Diericx (qui continuera de gérer l’entreprise à la mort de son mari) ont joué un rôle majeur. Ils semblent notamment avoir encouragé le jeune peintre à émuler Jérôme Bosch pour se faire connaître. L’estampe La patience en est une bonne illustration : si le thème et le style sont clairement inspirés de Bosch, c’est bien Bruegel dont le nom est mentionné comme concepteur.

    Pieter van der Heyden d’après Pieter Bruegel l'Ancien, Patientia (La patience, extrait de "Les sept vertus"), 1557 © KBR
    Pieter van der Heyden d’après Pieter Bruegel l’Ancien, Patientia (La patience, extrait de « Les sept vertus »), 1557 © KBR

    Un parcours thématique et didactique

    S’il est vrai qu’une exposition de gravures en noir et blanc paraît de premier abord moins excitante qu’une expérience immersive en 3D comme celle de Beyond Bruegel, The World of Bruegel in Black and White de KBR est tout sauf ennuyeuse.  Les écrans tactiles permettent d’accéder à un contenu explicatif dans trois langues (anglais, néerlandais et français) tandis que les visiteurs ont ma possibilité de s’appuyer sur les vitrines en bois pour mieux voir les estampes en détail. Une partie de l’exposition est par ailleurs situé dans le Palais de Charles de Lorraine, un joyau d’architecture du XVIIIe siècle qui ajoute au plaisir de la visite.

    Parmi les thèmes abordés dans les salles successives de l’exposition, on note la quantité impressionnante de paysages et de panoramas, ainsi que les fameuses séries de gravures illustrant les Sept péchés capitaux et les Sept vertus. Moins connues, les estampes représentant des bateaux permettent de rappeler le rôle d’Anvers comme plaque tournante du commerce au XVIe siècle.

    Frans Huys d’après Pieter Bruegel l'Ancien, Une hourque hollandaise et un boyer (extrait de "Les vaisseaux de mer"), ca. 1561-1565 © KBR
    Frans Huys d’après Pieter Bruegel l’Ancien, Une hourque hollandaise et un boyer (extrait de « Les vaisseaux de mer »), ca. 1561-1565 © KBR

    Bruegel aujourd’hui

    La dernière salle de l’exposition conclue en soulignant l’influence exercée par l’œuvre de Bruegel sur les générations suivantes. Certains des personnages de ses gravures sont ainsi repris dans des livres ou des tableaux, parfois dans le but délibéré de faire croire qu’il s’agit d’une oeuvre de Bruegel.

    Afin de créer des ponts avec l’art contemporain, KBR a par ailleurs invité le street artist écossais Phlegm à réaliser une gravure inspirée du Luxuria de Bruegel. Une expérience très intéressante qui souligne les nombreux points communs entre les deux artistes : bichromie, goût du détail, sens de la narration, ou encore fascination pour les créatures étranges issues de l’imaginaire.

    Pieter van der Heyden d’après Pieter Bruegel l'Ancien, Luxuria (La luxure, extrait de "Les sept péchés capitaux"), 1558 © KBR
    Pieter van der Heyden d’après Pieter Bruegel l’Ancien, Luxuria (La luxure, extrait de « Les sept péchés capitaux »), 1558 © KBR
    Phlegm, Luxuria, 2019 © Phlegm
    Phlegm, Luxuria, 2019 © Phlegm

    Une magnifique exposition à découvrir jusqu’au 16 février 2020.

    Infos pratiques

    • Où ? KBR, Mont des Arts 28, 1000 Bruxelles.
    • Quand ? Du 15 octobre 2019 au 16 février 2020, tous les jours de 11h à 19h.
    • Combien ? 12 EUR le billet adulte au tarif plein, audioguide compris. Tarif réduit de 9 EUR pour les groupes et autres réductions disponibles.
    Soraya Belghazi
    Soraya Belghazi
    Journaliste

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