The Riot Club
de Lone Scherfig
Drame, Thriller
Avec Sam Claflin, Max Irons, Douglas Booth, Sam Reid, Ben Schnetzer
Sorti le 4 mars 2015
Angleterre, 18ème siècle. Lord Riot meurt dans sa propre débauche et, aussi ironique soit-il, un club se fonde en son honneur. Trois siècles plus tard, deux jeunes hommes tout récemment étudiants à l’Université d’Oxford, mais foncièrement opposés – Miles et Alistair – sont recrutés pour faire partie de ce fameux Riot Club. Dans cette fratrie réservée à la crème de l’élite de l’Université, ou officiellement les dix plus brillants étudiants, on jette une liasse de billets comme quelques miettes de pain, et tout semble alors permis, entrainant les protagonistes dans les profondeurs de l’immoralité.
Anciennement membre du mouvement danois Dogme 95 (lancé par Lars von Trier et Thomas Vinterberg), c’est par ses films Italian for Beginners (2000) et plus récemment An Education (2009) qu’on se souvient du nom de Lone Scherfig. Sa capacité à décaper la société rendait cette réalisatrice parfaite pour mettre en images les mots de Laura Wade, auteur de la pièce de théâtre à grand succès Posh, base scénaristique du film. Et pourtant…
Dès les premières secondes, Lone Scherfig nous plonge dans la parodie, aux frontières du ridicule. Perruques d’époque et ironie. Le ton ne s’étiole pas. Mais au fur et à mesure, la débauche devient violence, le sarcasme cruauté. À leur allure magnétique répond l’absurdité de ces sociétés secrètes. Miles est le personnage phare, celui auquel le spectateur est supposé s’identifier, celui à qui revient le choix de la sociabilité ou de l’éthique morale. Et il choisit de ne rien faire.
Tout comme la réalisatrice elle-même. Au premier coup d’œil, Lone Scherfig nous aguiche par une brochette d’acteurs des plus savoureuses ; entre Sam Claflin (Hunger Games) et Dooglas Booth (Noé), Max Irons (Les âmes Vagabondes) et Natalie Dormer (Games Of Thrones). Mais un en-cas ne satisfait pas l’appétit. À cela reste un film à la construction abrupte, qui manque de fluidité. L’allure est décousue. Car théâtre et cinéma battent chacun à leur propre rythme, et là, fut sans doute l’erreur. L’ambition de vouloir tirer d’une pièce une œuvre filmique fut trop grande et en a laissé trop de traces ; des durées confuses et une plausibilité malmenée.
Mais plus encore, Scherfig résigne la justesse cinglante de la pièce de Wade, cette dénonciation politique de la sauvagerie tribale d’une classe aisée où l’éthique implose face à ce trop-plein d’argent. Si chez Wade la pièce bouillonnait de moralisme, dans le film que Scherfig nous livre, le message a perdu sa vigueur et en devient bien fade. La superficialité prend le pas et le sous-texte est délaissé. The Riot Club n’est jamais vraiment ennuyeux, entendons-nous, mais simplement brouillon. Où est donc passé le piquant qu’on attendait tant ? Le film nous laisse alors de côté, avalé par sa propre ambition, aux yeux plus gros que le ventre.