The Prodigy
de Nicholas McCarthy
Horreur, thriller
Avec Taylor Shilling, Jackson Robert Scott, Peter Mooney, Colm Feore, Paul Fauteux
Sorti le 27 mars 2019
Même si l’affiche de ce thriller horrifique joue pleinement la carte des correspondances avec celle du récent Hérédité d’Ari Aster – sensation de l’horreur indépendante américaine, elle-même dans une sorte de continuité du Get Out de Jordan Peele –, The Prodigy serait plutôt à ranger du côté des petites séries B plus ou moins décomplexées que l’on a l’habitude de retrouver dans la sélection du BIFFF.
Il y est question d’un enfant maléfique, thème qui, du Village des Damnés à Esther en passant La Malédiction ou encore Le Bon fils – curiosité des années 90 avec Macauley Culkin en très jeune psychopathe –, s’est imposé comme une tarte à la crème du genre. Malgré tout, il est toujours intéressant de voir comment un film qui s’empare de telles prémices parvient à jouer avec les tabous qu’elles convoquent.
Dans The Prodigy, c’est l’esprit d’un serial killer d’origine hongroise qui s’empare du corps du jeune Miles, le poussant à commettre des exactions de plus en plus inquiétantes. Alertée par le comportement de son fils, Sarah en vient à être effrayée par sa progéniture et à en oublier son instinct maternel.
Dès les premières scènes du film, il apparaît assez clairement que celui-ci ne va pas exactement faire dans la subtilité. La manière dont est signifié le dédoublement de personnalité de l’enfant est par exemple particulièrement pachydermique. Il faut donc passer cette barrière de la lourdeur ainsi que celle de la vraisemblance pour pouvoir apprécier The Prodigy à sa juste valeur : celle d’une série B bien fumeuse qui semble avoir pleine conscience des clichés qu’elle véhicule.
Le film fonce droit dans le mur sans se soucier du « qu’en dira-t-on » et c’est ce qui le rend au final diablement sympathique. Franchissant allègrement les frontières du bon goût à plusieurs reprises, The Prodigy transgresse les tabous sans se poser de questions, jusqu’à un final qui semble hésiter entre enfoncer définitivement le clou ou sacrifier à un happy end. C’est finalement la voie médiane qui sera empruntée : celle de la fin ouverte, bien pratique, et trop souvent utilisée dans le cinéma de genre.