D’après le conte L’Histoire d’une mère de Hans Christian Andersen, metteur en scène et scénographie Ossama Halal, dramaturge Alaa Aldin Alaalem & Hisham Hmedan, marionnette, masques et accessoires Natacha Belova & Loïc Nebrada, avec Hamza Hamadeh, Sara Mashmoushy, Sara Zein, Seba Kourani, Shadi Mokresh, Stéphanie Kayal, composition et performance musicale Singhkeo Panya. Du 04 au 14 octobre 2018 au Théâtre National. Crédit photo : Hubert Amiel
Après Above Zero, Ossama Halal et sa compagnie Koon Theater Group proposent une autre pièce à l’esthétique chimérique qui a été créée dans le cadre du Studio TN, le projet d’accompagnement des compagnies mis en place par le Théâtre National. Cette fois-ci, il s’agit d’une libre adaptation du conte The Story of a Mother de Hans Andersen. The other side of the garden raconte l’aventure épique d’une mère en quête de son enfant qui lui a été enlevé par l’Ange de la Mort, un chemin plein d’épreuves et de sacrifices au travers desquels elle renonce à tout afin de rejoindre son fils. Elle se perd pour le retrouver.
Ossama Halal, metteur en scène syrien résident au Liban, et son collectif cosmopolite, ramènent le conte à l’actualité en mettant en scène la quête initiatique de beaucoup de familles du Proche-Orient, mais aussi de tous les Pays détruits par la guerre, qui vivent au quotidien la perte et la douleur. La salle Jacques Huisman se transforme ainsi en un jardin aux fleurs flétries qui symbolise l’au-delà.
La scénographie, qui reprend des symboles de la culture arabe de manière subtile, est décidément suggestive. Des objets du quotidien sont réinventés et utilisés de manière savante dans un dispositif scénographique qui ne laisse rien au hasard. Tout le spectacle est rythmé par des bruits de petits cailloux qui glissent et rebondissent dans des tamis manipulés par les comédiens, et par la musique live qui contribue, avec la lumière, à créer des univers scéniques assez singuliers. Dans ce cadre presque ésotérique, fait de symboles et de sons, d’ombres et de lumières, les artistes de Koon Theater Group nous racontent l’histoire de cette mère qui défie l’Ange de la Mort par amour et ils le font avec une précision surprenante.
Bien que les sonorités de la langue arabe fassent vibrer la scène et que l’on oublie par moments de lire les sous-titres tellement le jeu des comédiens est engageant, la narration passe principalement par les corps, parfaitement synchronisés et coordonnés. On ressent concrètement l’énergie du groupe, sa cohésion et le travail sur l’aspect corporel. La mère est jouée par tous les comédiens. Au travers de la manipulation de masques, ils endossent ce rôle et donnent vie à un personnage qui symbolise la perte, le manque et le sacrifice.
Dans The other side of the garden on retrouve des éléments qui étaient présents déjà dans Above Zero et qui caractérisent le travail artistique de ce collectif, une esthétique mystérieuse et une dramaturgie complexe et maitrisée. C’est un spectacle qui sort le théâtre du binôme classique « j’aime ou je n’aime pas » grâce à la clarté de ses propos et à sa qualité artistique indéniable.