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    The Double de Richard Ayoade

    the double affiche

    The Double

    de Richard Ayoade

    Drame, Thriller

    Avec Jesse Eisenberg, Mia Wasikowska , Wallace Shawn, Noah Taylor, Yasmin Paige

    Sorti le 20 août 2014

    Dès les premières images, on devine que la vie ne réussit pas à Simon James : sa mallette se coince dans les portes du train, il se retrouve sans carte d’identité ni badge, et ; en arrivant au travail, le vigile ne semble pas très disposé à le laisser entrer. « Vous me voyez tous les jours ! », s’offusque Simon, ce à quoi le gardien, impassible, lui répond qu’il ne sait absolument pas qui il est.

    C’est là tout le drame de Simon : personne ne semble lui prêter attention. Empoté, doux et timide, Simon est un loser dans un monde de durs, un de ceux qui s’excusent d’exister et sur qui le sort semble s’acharner, loser gentil, mais loser quand même. Tout l’opposé de James, qui rejoint l’entreprise d’informatique où il travaille pour occuper un poste convoité : charismatique, séducteur, sûr de lui, James est si éloigné de Simon que personne ne semble remarquer qu’ils sont de parfaits sosies. Profitant de cette ressemblance et de la fascination qu’il exerce, James prend peu à peu le contrôle de la vie de Simon et devient de plus en plus menaçant…

    The Double est avant tout une affaire de style : l’atmosphère est de bout en bout décalée, rappelant l’inquiétante étrangeté teintée de mélancolie et la poésie énigmatique de Brazil ou de Delicatessen. Simon évolue dans un monde obscur, à une époque indéterminée, une sorte de vision futuriste des années cinquante : les plafonds sont bas, les néons agressifs, les ampoules grésillent, les machines émettent un bourdonnement sourd. En un mot, c’est bizarre. Le scénario, inspiré d’une nouvelle de Dostoïevski, est à l’avenant : trouble, parfois proche de l’absurde, de plus en plus sombre à mesure que croît l’ascendant de James sur Simon.

    Le problème de The Double, c’est que Richard Ayoade en fait trop : trop bizarre, trop stylisé, trop léché, comme s’il voulait en permanence démontrer sa virtuosité. Or, en dépit des apparences, cette sophistication excessive soutient une histoire qui manque de subtilité : l’opposition entre Simon, maladroit et malchanceux, et James, glorieux et narcissique, ressort principal du film, est trop appuyée. L’histoire d’amour entre Simon et sa voisine Hannah n’est pas exempte de mièvrerie et de déjà-vu. En outre, le thème du double, potentiellement fécond, et la relation entre les deux sosies ne sont pas véritablement approfondis.

    En somme, on a l’impression que l’obsession esthétisante de Richard Ayoade, sa maîtrise, nuisent à la sincérité du film, comme si elles empêchaient l’auteur de se laisser aller. The Double ou le carcan du style : Richard Ayoade crée un monde, il tient son personnage, ce Simon touchant en recherche d’identité, mais à trop vouloir nous montrer ses trouvailles et ses effets, il nous laisse en dehors de son histoire.

    Emilie Garcia Guillen
    Emilie Garcia Guillen
    Journaliste du Suricate Magazine

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