The Blacklist
saison 1
de Jon Bokenkamp
Policier
Avec James Spader, Megan Boone, Diego Klattenhoff, Amir Arison, Mozhan Marnò
Sorti en DVD/Blu-Ray le 5 novembre 2014
Raymond « Red » Reddington, l’un des criminels les plus recherchés par le FBI, se rend en personne au quartier général de la célèbre agence de renseignement à Washington. Il affirme avoir des intérêts communs avec le FBI et offre la possibilité de faire tomber de nombreux criminels et terroristes dangereux qu’il a énuméré sur une blacklist (liste noire). Il exige une simple contrepartie : son seul interlocuteur se doit d’être Elizabeth Keen, une nouvelle recrue inexpérimentée du FBI.
À l’origine du pitch intriguant de Blacklist, nous retrouvons Jon Bokenkamp, scénariste américain méconnu du grand public même s’il a déjà signé quelques scénarios de long métrage à Hollywood tels que The Call et Taking Lives.
Le premier épisode, qui est intrinsèquement le pilote de la série, a directement convaincu le groupe audiovisuel américain NBC ainsi que les groupes tests. Il faut dire que les premières minutes de Blacklist sont bien ficelées, dynamiques et happent sans tarder les téléspectateurs.
Le personnage de Reddington, à lui seul, suscite un intérêt peu commun. Il se susurre qu’il aurait été inspiré, très librement, du criminel américain James « Whitey » Bulger, figure du crime organisé. Et nul ne peut nier que la première surprise de cette série vient de l’interprète de ce personnage haut en couleur, véritable dandy manipulateur des temps modernes. James Spader, même s’il traine déjà une carrière cinématographique relativement longue (Crash, Avengers 2, Lincoln ou encore Stargate –le Dr Daniel Jackson, c’est lui !), n’est pas une figure emblématique du 7ème art. Ni même du petit écran, malgré sa participation à cinq séries dont certaines en tant qu’acteur récurent (The Office, Boston Justice et The Practice). Un statut qui pourrait peut-être bien changé au vu de sa prestation impeccable. En témoigne sa nomination aux Golden Globes de 2014. Kiefer « Jack Bauer » Sutherland, à qui l’on avait proposé le rôle, doit s’en mordre les doigts.
Autour de cet anti-héros charismatique gravitent par ailleurs quelques autres personnages/interprètes aux saveurs éclectiques mais souvent justes. Nous pouvons bien entendu citer parmi ceux-ci Megan Boone, l’interprète tout en charme de Elizabeth Keen ou encore Ryan Eggold, mari énigmatique de l’agent Keen dans la série. Les divers « méchants » que l’on peut découvrir au fil des épisodes sont eux aussi généralement intéressants, notamment dans leur « fonction » et leur atypisme.
Si quelques faiblesses se font rapidement ressentir, notamment au niveau des effets spéciaux qui semblent directement issus de mauvais films des années 2000, l’enchaînement des événements et les personnages suffisent à capter le téléspectateur. Du moins pour un temps. Passé l’effet de surprise et la découverte de l’univers de Blacklist, les épisodes s’enchainent avec un manque d’originalité et d’inventivité qui va crescendo. Le suspens devient de plus en plus artificiel et les faux semblants, qui étaient source d’intrigue dans un premier temps, deviennent répétitifs et lassants.
Même le personnage de Red, omniscient, et se croyant omnipotent, comme l’on peut en voir dans d’autres séries (The Mentalist, Sherlock, …) commence à agacer légèrement. Il conserve cependant, au fur et à mesure de la série, l’intérêt le plus grand.
Après un départ en fanfare, réellement haletant et intriguant, le récit s’essouffle au fil des épisodes et tombe dans la routine d’une série policière « classique ». Tout se normalise, effaçant l’intérêt premier de Blacklist. Si les quelques éléments à suspens nous intriguent un temps ils sont tirés en longueur, induisant des révélations incroyables et finissent en pétard mouillé, voire détrempé.
Une dévalorisation continue qui n’a pourtant pas fait fuir le public, Blacklist conservant une audience tout à fait respectable chez nous comme aux USA. La deuxième saison est d’ailleurs d’ores et déjà en cours outre-Atlantique et ne semble pas être prête de s’arrêter.