Sweet Thing
d’Alexandre Rockwell
Drame, Comédie
Avec Will Patton, Karyn Parsons, Lana Rockwell
Sorti le 21 juillet 2021
Avec une esthétique pouvant rappeler certains des premiers films de Jim Jarmusch et une bande son envoûtante mélangeant habilement Billie Holiday, Arvo Pärt et Van Morrison, Sweet Thing pourrait bien être l’une des plus belles surprises du cinéma indépendant pour l’année 2021 !
Abandonnés à la maladresse d’un père alcoolique, Billie et Nico tentent de trouver un équilibre au sein d’une existence chaotique. Mais lorsque celui-ci sera contraint d’entrer en cure de désintoxication, ils n’auront d’autre choix que d’aller vivre avec leur mère et Beaux, son compagnon violent.
Sur le papier, Sweet Thing ressemble à un film comme il en existe tant d’autres… Ajoutez-y des gaufres et une ancienne cité minière, et vous avez un long-métrage des Frères Dardenne. Cependant, son esthétique générale, son atmosphère, sa bande originale et, surtout, sa photographie noir et blanc le distinguent radicalement de quantité d’autres réalisations sociales.
Cette somptueuse photographie semblera exprimer l’existence teintée d’ombre de Billie et Nico, tandis que de rares passages colorés viendront çà et là exprimer le bien-être et la lumière retrouvée. Mais le film parviendra à ne jamais sombrer dans le misérabilisme, tandis que sa bande son apportera souvent une forme de légèreté et une forte identité à l’ensemble.
Plus encore, Sweet Thing jouit d’une narration subtilement dosée, qui lui offre un réel équilibre entre moments durs et légers.
À côté de cela, le réalisateur Alexandre Rockwell parviendra à intégrer quelques subtils éléments à sa narration ; comme par exemple lorsque Beaux fredonnera la chanson « Leaning on the Everlasting Arms », issue du film La Nuit du chasseur (Charles Laughton, 1955), avant de faire preuve d’agressivité envers Billie et Nico. Ce procédé renverra à toute l’imagerie issue du chef d’œuvre de Charles Laughton, suggérant ainsi la réelle menace que constitue ce beau-père infréquentable.
Quant au titre du film, il provient directement de la chanson éponyme de Van Morrison qui servira de leitmotiv tout au long de l’histoire, symbolisant ce que cherchent réellement les protagonistes : « And I will walk and talk In gardens all wet with rain And I will never, ever, ever, ever Grow so old again » [Et je marcherai et parlerai dans les jardins trempés de pluie, et jamais je ne deviendrai vieux].
Sweet Thing est ainsi un film sur le maintien de l’innocence face à l’adversité, sur l’acceptation de soi et la reconstruction. Riche d’une magnifique photographie en noir et blanc, d’ambiances musicales parfaitement appropriées et d’impeccables interprétations, il constitue réellement une magnifique œuvre qui risque de surprendre plus d’un spectateur !