Le Bozar présente sa nouvelle exposition en mettant la Suède à l’honneur. Swedish Ecstasy invite le spectateur à entrer dans un univers peu connu du pays, entre mysticisme, élévation spirituelle, magie et beauté de la nature.
Une autre idée de la culture suédoise
Chacun à une vision plus ou moins erronée, riche ou pauvre, juste ou totalement à côté de la réalité d’un pays. Avant d’aller voir cette exposition, il sera bon de s’interroger sur l’image que nous avons de la Suède. Il est très fort probable que ce qui nous vient en tout premier lieu en tête soit l’enseigne mondialement connue qu’est Ikea, l’idée qu’on se fait d’une démocratie stable, un système scolaire efficace, le froid, la neige et de superbes paysages sauvages. Évidemment, la Suède, c’est ça et aussi tout autre chose et c’est cette autre chose que l’exposition va mettre en avant. Sous cette couche très propre et conventionnelle, il y a tout un monde qu’on qualifiera d’ésotérique. Un monde qui cultive un goût pour le mystique, l’élévation spirituelle, l’alchimie, la magie, l’invisible et la nature. En somme, un monde où l’extase, se tenir en dehors de soi-même, est l’essence des œuvres, l’essence de la création, voire de la vie de ces artistes ici présentés.
« J’étais l’instrument de l’extase. »
Hilma af Klint est la figure de proue de cette exposition. Née à Stockholm, elle suit des études à l’Académie royale des Beaux-arts et rentre très jeune en contact avec les milieux spiritualistes. Ceux-ci sont très en vogue en Europe, en particulier dans les milieux artistiques où l’envie de concilier science et religion ainsi qu’une volonté de transcender le tout est fort présente. Dans le corpus artistique d’Hilma af Klint, notamment, le Temple tient une place importante. Le Temple, tel qu’imaginé par l’artiste, est une construction en forme de spirale qui accueille ces œuvres. Pour accompagner cette figure imposante, comptons Anna Cassel, une des quatre femmes avec af Klint à créer « Les Cinq”, un groupe explorant le spiritualisme. Une partie de ses œuvres a récemment été découverte et exposée pour la première fois. Comptons aussi Christine Ödlund qui mêle la science, la botanique et l’éther dans ses splendides expressions artistiques colorées et richement détaillées.
Une autre figure cette fois-ci masculine est August Strindberg. Plus connu comme romancier et auteur dramaturge que comme artiste plasticien ; son corpus est traversé par une puissante volonté de donner au hasard un rôle phare dans ces créations. Ces créations, fortement inspirées et guidées par ce qu’il appelle « l’art naturel », expriment ces états d’être et d’âme. On ne peut parler de lui sans parler d’Emmanuel Swendenborg, scientifique, théologien et philosophe suédois du 18e siècle qui inspire énormément Strindberg et qui est en quelque sorte le fil conducteur discret de l’exposition.
Déclinaisons et conversations
Une sensation étrange et puissante nous saisit tout le long de l’exposition, on se sent pousser plus loin que notre simple rôle de visiteur. On se sent même obligé d’être plus que ça pour saisir pleinement les œuvres exposées. Le public se sentira pris dans une toile serrée où chaque œuvre se répond et s’appelle, où chaque œuvre se livre avec son lot de références et d’interrogations. Plus qu’une visite, Bozar propose une expérience pour se tenir à l’extérieur de soi. Notons que Swedish Ecstasy se décline sous d’autres formes encore ; installation lumineuse, visite en réalité virtuelle de Temple d’af Klint, rencontre littéraires, projections de films et discussion. De février à mai, Bozar invite le public à découvrir le côté mystique de la Suède et c’est un régal.
- Ou? : Bozar, 23 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles
- Quand? : Du 17 février 2023 au 21 mai 2023 et du mardi au dimanche de 10h à 18h
- Combien? : 14€, différents tarifs réduits possibles