Les Survivants
de Luc Jabon
Drame
Avec Fabrizio Rongione, Hans Sofia Lopes, Erika Sainte, Kris Cuppens
Sorti le 7 septembre 2016
Après dix-huit ans de prison, Nicolas Roulet sort, libre. L’ancien militant d’extrême gauche a payé pour une action révolutionnaire qui a mal tourné, un accident. Il a purgé sa peine et tenté, entre les quatre murs de sa cellule, de savoir qui il voulait être. A sa sortie, l’ancien détenu se trouve un job et tente de se créer une vie normale, loin de son passé trouble.
Pour se loger, une vieille connaissance lui propose une chambre dans un squat. Là, une bande de jeunes ultra-contestataires érige Nicolas en héros. Il est le symbole de leur lutte et ils ne comptent pas s’arrêter, quitte à aller trop loin. Face à eux, Nicolas ne sait comment réagir : s’éloigner définitivement ou s’assurer que les choses ne dérapent pas comme dix-huit années plus tôt.
Sur sa route, Roulet rencontre Nadia, sa collègue, et ne peut s’empêcher d’en tomber amoureux. Instable autant qu’attirante, elle n’aide en rien Nicolas à rester dans les carcans de la vie rangée qu’il avait espéré pouvoir vivre.
Dans ce premier film (en tant que réalisateur et non plus seulement en tant que scénariste), Luc Jabon aborde un thème qui lui tient à cœur. L’ancien révolutionnaire qu’il est a réussi son coup : être contemporain. Exit les flash-back pompeux qui nous ramèneraient aux années septante. Bien que lié à un événement passé, l’histoire est ancrée dans un réel que Nicolas Roulet perçoit et auquel il a finalement du mal à se faire. Le monde a changé en dix-huit ans, mais les inégalités qui gangrènent notre société et qui font tant réagir Nicolas (autant que Luc Jabon ?) sont restées inchangées.
En plus d’une mise en exergue des excès avec, notamment, la présence d’armes dans ce clan de jeunes extrémistes, Jabon joue également avec les oppositions. Ainsi, un couple improbable réunit Nicolas, rôle d’ailleurs tenu avec brio par l’acteur Fabrizio Rongione, et Nadia. Elle, intenable, sexuellement débridée, sauvage et lui, en pleine réinsertion, tentant de se racheter une conduite et une vie par la même occasion. D’ailleurs, Erika Sainte – Nadia – électrise chaque scène dans laquelle elle joue. Une confirmation pour l’actrice qui avait reçu le Magritte du meilleur espoir féminin en 2012 pour son rôle dans Elle ne pleure pas, elle chante.
Le scénario original inventé par Luc Jabon rend Les Survivants attirant mais, bien que le rythme monte crescendo tout au long du film, le temps se fait parfois long. Quelques moments sont empruntés, et, même si le choix de réalisation peut s’expliquer, l’ennui pourrait éventuellement guetter certains spectateurs.
Un nouveau genre naît pour le cinéma belge avec un film engagé politiquement mais qui n’oublie pas, non plus, comme le veut la tradition de notre plat pays, de s’attarder sur l’humain. Le tout en faisant naître questions et réflexions.
Crédits photos © Ricardo Vaz Palma