De Robert James Waller. Mise en scène de Toussaint Colombani. Avec Natacha Amal, Angelo Dello Spedale et Steve Driesen. Du 5 février au 1er mars 2020 au Théâtre Royal des Galeries. Crédit photo : ©Leleux – De Beir
Avant même de devenir une pièce de théâtre ou même un film, Sur la route de Madison est un roman de Robert James Waller. Décrit comme une des plus belles histoires d’amour de l’époque, les acteurs semblent évoluer sur scène en mettant au défi le spectateur de ne pas y croire. Tout au long du spectacle nous nous demanderons si finalement, le dénouement sera le choix du cœur ou le choix de la raison, sans que l’un nous semble plus sensé que l’autre.
Cette histoire, c’est d’abord celle de Francesca et de sa famille : son mari Richard et ses deux enfants. Dans l’Ohio des années 60, Francesca a quitté son Italie natale pour suivre le doux Richard au cœur de la vie de ferme. D’abord professeure, elle devient femme de fermier et démarre une vie simple et paisible. Mais cette monotonie est brisée le jour où, sa famille en voyage, débarque Robert, photographe. D’une simple guide face à un touriste égaré, la relation évolue en un amour passionné. De deux « tu », ils deviennent un « nous ». Mais ce « nous » possède une date de péremption. Quatre jours, c’est tout le temps qu’ils ont. Francesca aime Robert, Robert aime Francesca, Robert demande à Francesca de partir avec lui, mais Francesca aime aussi ses enfants et d’une certaine manière son mari également. Le dilemme qui se présente à elle semble alors insurmontable, la décision semble impossible à prendre et par un magnifique jeu d’acteurs, nous doutons jusqu’à la fin. Par les rires qu’ils nous inspirent parfois, ou les larmes que la perspective d’une séparation peut nous provoquer, nous sommes brinquebalés à travers les émotions des personnages. Quitter le doux Richard ou s’enfuir aux côtés du fascinant Robert ?
Sur scène, les acteurs ne sont pas les seuls à parvenir à nous emmener au cœur du comté de Madison. Le décor qui se présente à nous semble vivant. Telle une plaque tournante en mouvement constant, la maison de Francesca dans laquelle se déroule les scènes est manipulée avec attention par de petits bonhommes tout de noir vêtus, évoluant devant nos yeux selon les déplacements des acteurs. D’une cuisine habilement décorée selon le lieu et l’époque de l’intrigue, nous passons parfois à la petite balancelle extérieure, pour revenir à la cuisine. Lorsque les personnages souhaitent se rendre à l’étage, un escalier apparaît subitement, les accueillant tout naturellement vers un palier invisible aux yeux du spectateur. Finalement, lorsque le décor se modifie une dernière fois, le spectateur est enfin emmené là où tout a commencé, là où tout se finira. Les changements de décor et les mouvements nécessaires à ces modifications, surprenantes au départ, permettent finalement une évolution visuelle agréable au spectateur et un spectacle d’autant plus prenant.
Une histoire d’amour, des rires, des larmes aux yeux, des acteurs et un décor vivants, que finalement demander de plus pour passer un agréable moment de détente au théâtre.