Supergirl
(Saison 6)
de Greg Berlanti et Ali Adler
Fantastique, Super-héros
Avec Melissa Benoist, Chyler Leigh, Katie McGrath
Sorti en DVD et Blu-Ray le 6 juillet 2022
Alors que les audiences de la série ne faisaient que dégringoler depuis son lancement, passant de 12,96 millions de téléspectateurs pour le premier épisode diffusé en 2015 à 490 000 pour le dernier épisode diffusé en 2021, la CW a décidé d’euthanasier ce show en mort cérébrale depuis trop longtemps !
Warner Bros a ainsi décidé de débrancher la prise après ce sixième volet des aventures de Supergirl, poussant les scénaristes n’ayant plus rien à perdre à s’enfoncer plus loin encore dans la paresse et l’incompétence qui les caractérise depuis la saison 2.
Nous aurons ainsi une fois encore droit à la même structure narrative que lors des quatre saisons précédentes : une menace arrive, l’héroïne se sacrifie, ses amis cherchent à la ramener en appuyant leurs efforts par des discours éculés du genre : « S’il n’y a qu’une minuscule chance pour réussir à la sauver il faut essayer : pour elle, pour son âme ». S’ensuivent cinq ou six épisodes de remplissage, l’héroïne revient enfin, sauve le monde avec ses amis et une nouvelle menace arrive. Un éternel recommencement d’une désolante platitude…
Le tout appuyé par les mêmes acteurs affligeants qui ne savent que froncer les sourcils pour exprimer l’ampleur de la menace qu’ils devront affronter. Même Melissa Benoist (Supergirl), autrefois si vivante semble ici en mode automatique, presque consciente de cette stagnation artistique.
Plus encore, la chaîne ne cherchera même plus ici à cacher la faiblesse de son budget : à plusieurs moments, J’onn J’onzz sous les traits de David Harewood apparaîtra en combinaison sans qu’aucuns effets spéciaux ne le transforme en Martian Manhunter ; quant à Alex Danvers devenue Sentinel, son costume consistera en… du mascara bleu…
Afin de bien appuyer son manque d’imagination, cette nouvelle saison cédera encore au syndrome « Gardiens de la Galaxie », en abreuvant le spectateur de quantités de références diverses, variées et gratuites, de Piège de cristal à SOS Fantômes ; tout en donnant aux fantômes de la zone fantôme l’apparence des Marcheurs Blancs de Game of Thrones. Sans oublier de plagier éhontément Avengers : Infinity War en axant une grande partie de son intrigue sur un gant/bracelet pouvant rassembler divers totems donnant des pouvoirs à son possesseur.
Dans la droite lignée des saisons précédentes, la moitié des intervenants développeront soudainement des capacités hors du commun, qu’il s’agisse de Lena Luthor devenant d’un seul coup une sorcière, ou de Kelly Olsen reprenant le costume de Guardian et apprenant la capoeira en une semaine… Comme depuis ses débuts, la série s’apparente alors à un épisode du Oprah Winfrey Show : « You get powers, You get powers, You get powers ! »
Mais la plus effroyable pauvreté scénaristique se trouve dans l’épisode 12, sorte de fourre-tout dans lequel on trouvera une politicienne corrompue et méprisante, un traitement expérimental jamais présenté et intervenant juste pour faire avancer l’intrigue, des policiers racistes, etc.
Dans cette optique – apparaissant le temps de deux épisodes –, le personnage de John Diggle déclarera ainsi : « Je suis victime du racisme depuis ma naissance »… En comptant cette apparition dans Supergirl, l’acteur David Ramsey aura incarné le héros à cent-nonante reprises dans le Arrowverse sans que jamais cette caractérisation ne soit soulevée. De même, J’onn J’onzz déclarera à son tour avoir choisi de revêtir l’apparence d’un homme noir sans se sentir à sa place sur cette planète – alors qu’il démarrait la série en étant directeur d’un agence gouvernementale… Sans compter Kelly Olsen qui terminera l’épisode en portant un t-shirt Black Lives Matter avant d’allumer une bougie pour lire confortablement « Une colère noire », avant d’affirmer être fatiguée de se battre pour défendre des choses que tout le monde devrait défendre naturellement.
Une fois encore, on constatera que la cohérence scénaristique et la construction des personnages n’intéresse pas les créateurs de la série, au point que ceux-ci n’hésiteront pas à transformer chaque antagoniste à coups de Deus ex-Machina pour en faire l’étendard des valeurs qu’ils souhaitent défendre ! Bien entendu, le problème n’est pas ici les valeurs défendues mais le fait qu’elles prennent le pas sur l’intrigue, transformant alors la série en prétexte – et donc en une forme de propagande…
Au final, Supergirl triomphera du mal grâce aux pouvoirs de l’amitié, de l’amour et de l’espoir, sans réellement vaincre son adversaire qui sera le seul artisan de sa défaite car « son arrogance camouflait de la peur »… Probablement le final de série le moins travaillé qui soit, au terme de 126 épisodes répartis sur six années ! Le tout dans une avalanche de fan service au cours de laquelle quantité de personnages reviendront le temps de quelques minutes, au point de créer l’overdose : Jimmy Olsen, Winn Schott, Mor-El, Eliza Danvers et même Cat Grant sur un immonde font vert censé représenter une plage colombienne.
En somme, l’arrêt de cette série est un service rendu au Septième Art tout entier, tandis qu’elle a cessé dès sa deuxième saison de chercher à raconter une histoire cohérente pour céder la place à un gloubi-boulga indigeste, véritable insulte à l’intelligence des spectateurs. Quant à cette sixième saison, elle synthétise l’incompétence scénaristique rencontrée depuis que la série est arrivée sur la chaîne CW en 2016. Plus qu’une fin de série, une délivrance. En espérant que le projet de film Supergirl récemment annoncé par James Gunn fasse davantage honneur à l’héroïne qui mérite amplement mieux que ça !