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    Supergirl (Saison 1), cœur tendre et poings d’acier

    Supergirl

    (Saison 1)

    d’Allison Adler et Greg Berlanti

    Drame, Science-fiction, Action

    Avec Melissa Benoist, Mehcad Brooks, Chyler Leigh

    Sorti en DVD/Blu-Ray le 12 juillet 2017

    Les succès de Arrow et The Flash ont mené le producteur Greg Berlanti à franchir une étape supplémentaire dans la création de l’univers télévisuel DC Comics. C’est ainsi que trente-et-un an après sa dernière apparition, Supergirl est de retour sur nos écrans ! Après Helen Slater, c’est désormais à la jolie Melissa Benoist, aperçue au cinéma dans Whiplash ou Traque à Boston et à la télévision dans Glee, d’enfiler le costume de la cousine de Superman.

    Si Arrow, The Flash ou Legends of Tomorrow sont toutes diffusées sur la chaîne CW, c’est sur CBS que Supergirl choisit de faire ses premiers pas à la télévision. Cela signifie un plus gros budget et des lieux de tournage différents de ses prédécesseurs : au climat froid de Vancouver, la native de Krypton préfère l’horizon ensoleillé de Los Angeles. Mais surtout, cette production permet d’ajouter au casting une tête d’affiche : Calista Flockhart, ancienne Ally McBeal.

    Supergirl raconte les aventures de Kara (Melissa Benoist), la cousine de Superman envoyée sur terre lors de la destruction de Krypton pour protéger celui-ci. Cependant, son vaisseau ayant percuté des débris, elle se perdit dans l’espace pour arriver sur terre vingt-cinq ans plus tard, alors que Kal-El était déjà devenu Superman. Engagée comme assistance par Cat Grant (Calista Flockhart) à CatCo Worldwide Media, Kara mène une existence anonyme et frustrée jusqu’à ce qu’un avion dans lequel se trouve sa sœur adoptive Alex (Chyler Leigh) menace de s’écraser, la poussant à révéler au monde ses pouvoirs et à devenir Supergirl ! En collaboration avec le Department of Extra-Normal Operations (D.E.O.), elle consacre désormais ses forces à protéger notre terre.

    Cette première saison de Supergirl dispose de solides qualités qui en font un bon divertissement. Avant tout, Melissa Benoist possède ce côté « Girl Next Door » inhérent au personnage, une sorte de sympathie et d’innocence qui la rendent attachante et permettent de fidéliser le spectateur. Force est de constater qu’elle incarne à merveille l’héroïne et qu’elle prend un plaisir manifeste à cela. Ensuite, le personnage de Hank Henshaw (David Harewood) est entouré durant la première moitié de la saison d’un certain mystère qui aura pour don d’attiser la curiosité du spectateur. À cela s’ajoute un panel de protagonistes qui assistent Supergirl dans ses aventures, chacun avec leurs qualités respectives : Winn (Jeremy Jordan) en sympathique génie de l’informatique, Cat (Calista Flokhart) en femme accomplie, véritable modèle pour Kara, ou encore Jimmy Olsen (Mehcad Brooks) ici réimaginé dans une optique nouvelle.

    Un bémol apparait néanmoins concernant Jimmy Olsen que le spectateur aura toujours connu comme un jeune homme timoré, ne sortant jamais sans son appareil photo et nécessitant constamment l’aide de Superman. Modernité oblige, Jimmy refuse désormais ce surnom et préfère être appelé James. Il est incarné par un bel afro-américain musclé et débrouillard, bien loin du rouquin qu’il était autrefois. Cette transformation va amener à une dénaturation qui rendra très rapidement le personnage dispensable à l’intrigue, voire insipide. Phénomène qui sera poussé encore plus loin dans la saison 2 qui vient de se terminer, lorsqu’Olsen désirera lui-même combattre le crime… Quant à Cat Grant, elle aura le plus souvent l’air d’une caricature botoxée que d’une source d’inspiration.

    On appréciera cependant la présence au casting d’Helen Slater – la Supergirl dans le film de 1984 qui joue ici la mère adoptive de Kara – ou de Dean Cain, le Superman de la série Les nouvelles aventures de Lois et Clark qui incarne quant à lui le père adoptif de l’héroïne. Teri Hatcher apparaîtra quant à elle dans la saison 2 qui vient de se terminer aux États-Unis.

    Supergirl a également un double mérite : celui de donner corps à une héroïne forte à laquelle les jeunes filles peuvent s’identifier – l’épisode 3 la mettra par exemple en présence de Reactron, seul ennemi que Superman n’aura jamais réussi à vaincre ! –, ainsi que celui d’être un show familial à la portée de tous, là où Arrow, The Flash et Legends of Tomorrow sont trop sombres ou remplis de références parfois poussées au comic book. Supergirl est ici à la portée des petits et des grands et pourra donc donner lieu à un moment familial hebdomadaire ; sans compter qu’il permettra à nombre de pères de partager des moments privilégiés avec leur fille sans avoir à subir trente épisodes des Winx d’affilée…

    Comme The Flash, Supergirl n’hésitera pas non plus à introduire un panel de personnages phares de l’univers DC comme Red Tornado, Martian Manhunter, Bizarro Girl, Black Mercy ou The Flash lui-même qui fera une apparition dans l’épisode 18.

    Cependant, si Supergirl a le mérite d’être une série télévisée légère et distrayante, certaines de ses qualités peuvent s’avérer être des défauts. Avant tout, la volonté de jouer à fond la carte féminine mènera les scénaristes à opposer le plus souvent leur héroïne à des femmes pas toujours menaçantes, voire à laisser Kara affronter seule des périples insurmontables, simplement pour montrer qu’elle n’a besoin de personne pour vaincre le mal. Dans le même ordre d’idées, celle-ci s’entourera de partenaires féminins pas toujours convaincants. Cette avalanche de Girl Power pourra parfois s’avérer forcée et fatiguante.

    Ceci est lié à un second point : Supergirl est avant tout un personnage secondaire dans l’univers DC Comics. Dès lors, elle affrontera ça et là des méchants issus des pages de Superman et le spectateur aura parfois l’impression que ceux-ci n’ont pas leur place ici. Sans compter que l’on se demandera plus d’une fois où est l’Homme d’Acier : on parle souvent de Superman sans jamais le voir, tout comme Lex Luthor qui est mentionné mais n’apparaît jamais. Néanmoins, dans cette perspective, les scénaristes adapteront certains éléments célèbres des aventures de Superman sous forme d’hommage. Éléments qui n’auraient probablement jamais vu le jour sur nos écrans en dehors de cette production, comme par exemple une référence à Superman III incluant une cacahuète, ou l’adaptation du génialissime récit écrit par Alan Moore, « For the man who has Everything » (Épisode 13) !

    Ensuite, la série souffre de tous les écueils inhérents aux séries CW : des triangles amoureux qui n’ont ni queue ni tête, des relations forcées, des intrigues sentimentales ridicules, des effets spéciaux parfois risibles – le personnage de Red Tornado, supposé être un robot est ici un humain peint en rouge et affublé d’un costume en mousse… Quant au Martian Manhunter, il gardera le plus souvent sa forme humaine, histoire de ne pas exploser le budget effets spéciaux. Dernier problème lié à l’univers super-héroïque imaginé par Berlanti et Marc Guggenheim, le principe de l’identité secrète est ici encore piétiné et Supergirl est entourée d’une équipe complète qui l’aide dans ses aventures, comme Arrow avec la Team Arrow et The Flash avec la Team Flash.

    En somme, malgré quelques éléments moins solides, Supergirl est une sympathique série télévisée que les amateurs du genre apprécieront et qui permettra de réunir garçons et filles autour du monde des super héros. Cette saison 1 est donc une réussite du genre, légère et décomplexée. Profitez-en avant la saison 2…

    Que se passe-t-il dans la saison 2 (attention, mini-spoiler) ?

    Après cette saison 1, CBS a renoncé à produire la série et celle-ci est passée sur CW. Le budget fut donc revu à la baisse et les décors ont changé. L’équipe est partie à Vancouver et Calista Flokhart, devenue trop chère, n’apparut plus comme personnage régulier (certains diront que c’est une bonne chose…).

    La série s’est alors doublée d’un commentaire politique outrancier et d’un politiquement correct étrange. Histoire de suivre la dynamique de Legends of Tomorrow dans laquelle l’homosexualité de Sara Lance fut révélée, ou de Gotham dans laquelle le Pingouin courtise désormais l’Homme Mystère (sans commentaire…), Supergirl révélera à son tour l’homosexualité d’un personnage dans sa saison 2, sans que cela soit justifié ou même cohérent.

    Plus encore, cette saison 2 se doublera d’un commentaire politique pro-Hilary Clinton et, par la force des choses, anti-Trump. Anticipant le résultat des élections, la série fera du président des États-Unis une présidente des États-Unis (incarnée par Lynda Carter, la Wonder Woman des années 70 !)

    Mais surtout, l’une des intrigues majeures de la saison 2 visera à l’installation d’extra-terrestres sur terre que certains refuseront d’accueillir, arguant du fait que ces étrangers sont dangereux. Remplaçons « extra-terrestres » par « réfugiés », intégrons un mur dans l’équation et on aura compris à qui cela s’adresse. La chose sera amenée avec tellement peu de subtilité que l’épisode 21 de cette saison 2 mettra en scène une extra-terrestre désireuse de rendre notre planète meilleure (« Make Our Planet Great Again », cela vous fait penser à quelque chose ?). Le commentaire politique sera poussé encore un cran plus loin lorsqu’un personnage s’exclamera : « They promised to make Earth great again, without knowing anything about what makes earth great » [« Ils ont promis de rendre notre planète meilleure sans rien savoir de ce qui fait de la terre un endroit merveilleux »].

    Autre exemple, le dernier épisode de cette saison 2 est intitulé « Nevertheless she persisted », référence à la sénatrice Elizabeth Warren qui, début 2017, s’est opposée à la nomination de Jeff Sessions par Donald Trump au poste de Procureur Général et fut interrompue lors d’un discours par un vote visant à la réduire au silence. Ce qui fera dire au sénateur américain Mitch McConnell : « Senator Warren was giving a lengthy speech. She had appeared to violate the rule. She was warned. She was given an explanation. Nevertheless, she persisted ».

    Quand une série destinée aux enfants et aux adolescent(e)s se met à verser dans un prosélytisme politique grossier, il y a de quoi s’inquiéter, quoi que l’on puisse penser de l’actuel président des États-Unis, de ses idées, de ses frasques et de ses Tweets.

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