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    Super-héros en panne : Marvel et DC peuvent-ils redresser la barre en 2025 ?

    « Super Burnout », voilà le qualitatif attribué désormais par le magazine Variety aux films de super-héros outre-Atlantique. Dans un long article publié hier, Adam B. Vary dresse un bilan peu élogieux d’un genre qui semble avoir été exploité à outrance, jusqu’à l’écœurement.

    Les films de super-héros, longtemps considérés comme un pilier financier pour l’industrie cinématographique, traversent une période de crise sans précédent. En témoignent les résultats décevants de Venom : The Last Dance de Sony Pictures, qui a engrangé 51 millions de dollars en première semaine – soit une chute de 44 % et 55 % par rapport aux deux films précédents. Ce recul marque un tournant pour le genre, autrefois indomptable au box-office.

    Analysant les chiffres, l’article explique que, entre 2018 et 2019, l’âge d’or des films de super-héros, les grandes productions Marvel et DC généraient plus d’un milliard de dollars en moyenne. Cependant, cette année, malgré le succès retentissant de Deadpool & Wolverine, les recettes ont baissé de moitié. Depuis Spider-Man : Across the Spider-Verse en juin 2023, peu de films inspirés de comics ont réussi à susciter l’enthousiasme du public. Des blockbusters attendus comme The Flash, The Marvels et Madame Web ont échoué à captiver, oscillant entre une réception tiède et un désaveu manifeste. Joker : Folie à Deux pourrait même terminer sa course en rapportant bien moins que les 248,4 millions de dollars que le premier volet avait générés dès son week-end d’ouverture en 2019.

    Cette désaffection s’explique par plusieurs facteurs propres à chaque studio. DC, par exemple, a vu sa production plombée par des scandales et des changements de direction, laissant un public perplexe face à une franchise en pleine refonte. Marvel, de son côté, a misé sur une stratégie de saturation du marché en multipliant les sorties sur la plateforme Disney+, une approche qui semble désormais se retourner contre elle. Enfin, Sony, qui tente de bâtir un univers de personnages issus de l’univers de Spider-Man, sans ce dernier, peine à convaincre un public fidèle mais exigeant.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 2015 à 2019, 83 % des films de super-héros dépassaient aisément les 500 millions de dollars de recettes mondiales. Depuis 2022, cette dynamique s’est inversée. Sur 17 titres, seuls 41 % ont atteint cette barre. La baisse d’engouement s’est amplifiée, ébranlant sérieusement la rentabilité et l’influence commerciale d’un genre qui semblait jusqu’alors inébranlable.

    Les studios misent désormais sur les sorties prévues pour 2025 afin de raviver l’intérêt du public. Après le succès de Deadpool & Wolverine en 2024, Marvel Studios espère redonner un souffle nouveau à son univers avec trois nouvelles productions : Captain America : Brave New World, Thunderbolts et The Fantastic Four : First Steps. Mais le défi est de taille : le marché n’est plus aussi réceptif qu’auparavant, et le public semble aspirer à une originalité renouvelée, loin des formules épuisées.

    Ainsi, 2025 pourrait bien être l’année de la dernière chance pour les franchises super-héroïques de retrouver leur lustre d’antan. Confrontées à un défi existentiel, Marvel, DC et Sony devront redéfinir leurs stratégies pour réinsuffler l’énergie nécessaire à un genre en plein essoufflement.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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